Monsieur le président-directeur général de TotalEnergies, je vous remercie pour votre présentation au sein de notre Assemblée, au moment même où se tient la 27e conférence des parties à la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, la COP27, à Charm el-Cheikh en Égypte, sept ans après la signature de l'accord de Paris lors de la COP21, et alors que nous traversons une crise énergétique inédite, alimentée par une guerre aux portes de l'Europe.
TotalEnergies, leader mondial dans le secteur des énergies, ambitionne d'être un acteur majeur de la transition énergétique pour atteindre, à l'horizon 2050, la neutralité carbone sur l'ensemble de ses activités mondiales. Compagnie française, nous ne pouvons qu'encourager nos fleurons économiques et industriels à poursuivre leur croissance qui, in fine, doit profiter à nos concitoyens. Néanmoins, les défis pour atteindre cet objectif sont nombreux, contraints par un contexte mondial, politique, économique ou encore environnemental, des plus incertains : tension accrue dans l'Indo-Pacifique, trouble sécuritaire dans le Sahel, montée en puissance des régimes illibéraux à travers le monde, ou encore accélération de la fonte des glaces dans les pôles ou dans les massifs montagneux.
Ainsi, la dimension mondiale de l'entreprise que vous dirigez, qui est présente dans plus de 130 pays et produit des hydrocarbures dans 29 d'entre eux – dont certains projets sont contestés, comme en Ouganda ou au large de l'Afrique du Sud –, vous soumet à de nombreuses contingences et à un environnement sécuritaire international en voie de dégradation. En effet, la trajectoire à court terme de la demande mondiale d'énergie connaît un rebond de la consommation de charbon dans un contexte de relative reprise économique post-Covid en 2021 entraînant des perturbations du marché. En cela, une des gageures est de soutenir les efforts supplémentaires nécessaires pour décarboner l'énergie tout en garantissant aux consommateurs la sécurité énergétique et des prix abordables.
Les prix actuellement élevés de l'énergie ont placé l'efficacité énergétique en tête de nos priorités. L'examen prochain d'un projet de loi sur les énergies renouvelables à l'Assemblée nationale devrait tenter d'y répondre. En effet, la crise actuelle doit être l'occasion d'accroître les mesures d'économie et d'efficacité énergétique, qui doivent nous mener à atteindre les objectifs de l'accord de Paris.
Les énergies renouvelables, moteur principal de la décarbonation du mix électrique connaissent une pénétration rapide, d'autant plus que la préoccupation vis-à-vis de la sécurité énergétique devient majeure dans de nombreux pays. L'hydrogène, le gaz naturel amené à se verdir au fil du temps, les carburants liquides durables basés sur les e-fioul sont des leviers de décarbonation prometteurs mais ne devraient pas être utilisés à grande échelle avant 2030. La transition exige une augmentation des dépenses pour construire un nouveau système énergétique décarboné. La période actuelle est décisive. Les investissements dans les énergies bas-carbone doivent doubler d'ici à 2030 tandis que des investissements dans de nouveaux développements pétroliers et gaziers sont encore nécessaires, au moins jusqu'au milieu des années 2030.
Pour atteindre ce cap, les investissements massifs dans la recherche et le développement sont indispensables pour développer des technologies qui alimenteront ce nouveau système énergétique. Plus que jamais les énergies, toutes les énergies, sont au centre des préoccupations.
Comment TotalEnergies envisage-t-il de réaliser ses objectifs en matière de transition énergétique en adéquation avec les ambitions de la France alors que les défis géopolitiques, écologiques et même éthiques ne cessent de s'accumuler sur l'entreprise ?