Nous avons tous un héritage personnel qui guide nos engagements et explique notre envie de devenir parlementaires, de nous exposer et de solliciter le suffrage des Français.
La question des droits des femmes, de leur liberté et de leur émancipation a toujours été au cœur des combats que j'ai menés. Avant de revenir dans cet hémicycle – puisque je n'avais pas prévu d'être ici cet après-midi –, j'ai appelé une seule personne pour avoir son aval : ma maman, qui m'a donné l'autorisation d'être présente parmi vous. Ma mère a eu recours à l'avortement comme d'autres mères, à un moment où c'était illégal dans notre pays et où elle risquait la prison, voire sa vie. Elle a d'abord fait appel à un médecin vraisemblablement assez connu à l'époque pour pratiquer ce type d'acte, mais l'opération ne s'est pas bien passée et, comme de trop nombreuses femmes, elle a dû ensuite aller à l'hôpital, où elle pensait trouver un refuge bienveillant et accueillant. Mais elle y a été reçue comme par des inquisiteurs parce qu'on y avait évidemment bien vite compris l'acte qu'elle avait tenté de faire réaliser. Si elle a pu mettre un terme à sa grossesse, c'est au prix d'un curetage sans anesthésie de la part des médecins. Voilà ce que les femmes subissaient, voilà ce que nos mères et nos grands-mères ont pu subir.
La question de la protection de l'accès à l'IVG ne relève ni d'un caprice, ni du gain politique, ni de l'appartenance à tel ou tel groupe politique. Les Français, on n'a pas cessé de le dire ici, ont d'ailleurs transformé la composition de cette assemblée pour que nous arrivions à démontrer que nous pouvions travailler différemment. Et si nous ne sommes pas capables de le faire sur la question des droits des femmes, alors nous ne le serons sur aucun texte.