Malgré les efforts consentis depuis 2018 pour assurer une couverture mobile de qualité sur l'ensemble du territoire, la fracture numérique reste bien réelle. Les territoires les plus ruraux en souffrent quotidiennement. Elle crée une distance entre le monde hyperconnecté où nous vivons et ces villages où passer un simple appel téléphonique ressemble à un parcours du combattant.
Je prendrai l'exemple de mon département, l'Aisne. Près de trente ans après l'arrivée de la téléphonie mobile, certaines zones ne disposent toujours pas de la couverture dont devraient bénéficier tous les Français sans exception, nécessaire à chacun pour téléphoner, depuis son lieu de résidence comme lors d'un déplacement.
D'un village à l'autre, voire à l'intérieur du même village, les uns n'arrivent pas à téléphoner aux autres : j'en témoigne ici en tant qu'élu de la nation. Il est donc absolument nécessaire de compléter définitivement la couverture mobile, pour que chaque Français ait accès aux mêmes services.
Dans certains cas précis, il s'agit malheureusement d'une exigence vitale. C'est ainsi qu'en juillet 2022, la veille de la fête nationale, une habitante d'Hannapes est décédée d'un malaise cardiaque. Son compagnon, bien qu'équipé d'un téléphone portable, n'avait pas de couverture réseau ; il a mis trente minutes à trouver un autre moyen de contacter les secours, pourtant situés à quelques kilomètres de leur domicile. Nos pensées se tournent naturellement vers les familles endeuillées.
Il est nécessaire d'avancer, d'y mettre les moyens. L'État doit assumer sa part de responsabilité : en 2022, tous les Français, où qu'ils soient, doivent bénéficier du droit à la téléphonie mobile. Où qu'ils soient, ils doivent recevoir les mêmes services de télécommunication.
Mon département de l'Aisne, territoire rural, étant géographiquement étendu mais peu densément peuplé – il compte 72 habitants par kilomètre carré, quand la moyenne nationale est de 105 –, les opérateurs de téléphonie ne se bousculent pas pour y investir. Or un département où on se déplace mal, où on téléphone mal, n'est pas attractif pour les particuliers ni pour les entreprises. Ainsi, la population de l'Aisne a diminué de plus de 10 000 habitants lors des cinq dernières années.
Vous le savez bien : du simple gadget électronique aux outils de la médecine moderne, y compris le service essentiel qu'est la télémédecine, un nombre croissant d'objets et de services dépendent des technologies GSM. Quelles mesures concrètes comptez-vous prendre pour forcer les quatre opérateurs mobiles à supprimer définitivement les zones blanches qui demeurent dans les territoires ruraux, dans l'Aisne comme ailleurs ?