« Certaines nuits, il n'est pas possible de s'endormir » : vrombissements, tremblements, bruits de moteur, odeurs. Plus de 40 000 véhicules en moyenne traversent chaque jour – sans parler des jours de départ en vacances –, sur l'autoroute A13, la commune de Bures-sur-Dives, commune déléguée de celle de Troarn dans le Calvados, située dans ma circonscription. Vous imaginez les nuisances associées et le ras-le-bol des habitantes et des habitants. En effet, si l'autoroute est un axe de transport essentiel pour le département, elle n'en reste pas moins située dans une zone proche des habitations et l'on peut comprendre que les riverains, excédés et désespérés, attendent beaucoup de l'État.
Alors que vous connaissez, monsieur le ministre, l'impact de la crise climatique, ces habitantes et habitants sont confrontés non seulement à une exposition à la pollution de l'air, mais également à une pollution sonore et chimique considérable. Nous devons donc saisir à bras-le-corps ce véritable enjeu environnemental. J'en profite pour saluer l'action de l'association Stop aux nuisances autoroutières et diverses (SNAD), qui se mobilise pour proposer aux pouvoirs publics des solutions visant à limiter l'impact de l'autoroute, sans succès malheureusement jusqu'à présent.
Avec une augmentation du trafic de plus de 50 % en vingt ans, donc du bruit et des nuisances associées, la valeur des maisons a chuté de plus de 40 %, quand elles ne sont pas devenues invendables.
Pourtant, des solutions existent. Les sociétés concessionnaires d'autoroutes réalisent, vous le savez, des marges exceptionnelles : 2,5 milliards d'euros de dividendes ont ainsi été versés en 2020, alors que l'État reste propriétaire de l'infrastructure. On ne peut donc que regretter l'absence de vision politique et d'investissement financier pour protéger les populations concernées.
L'association que je viens d'évoquer préconise de longue date l'installation de murs antibruit et la limitation de la vitesse, pour les poids lourds notamment, qui sont les plus bruyants ; on constate par ailleurs de nombreuses infractions de leur part aux limitations de vitesse et un renforcement des contrôles serait bienvenu.
Comble de l'ironie, alors que la Société des autoroutes Paris Normandie (SAPN) avait promis aux habitants que des mesures de protection, notamment la construction d'un merlon – mesures obligatoires pour toute nouvelle infrastructure –, seraient installées en cas d'élargissement de l'autoroute, l'absence de passage à une troisième voie explique que les aménagements n'aient jamais été réalisés. J'en profite pour souligner l'absurdité des normes contemporaines qui prévoient que l'État ou les sociétés concessionnaires « sont tenus de limiter la contribution des infrastructures nouvelles ou des infrastructures modifiées en dessous de seuils réglementaires qui garantissent à l'intérieur des logements préexistants des niveaux de confort conformes aux recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) », alors que ces normes ne s'appliquent pas aux infrastructures antérieures.
Soyons donc ambitieux, montrons-nous à la hauteur de l'enjeu climatique et protégeons le bien-être des riverains en engageant des travaux sur les structures actuelles, nouvelles ou modifiées, afin de gagner du temps et d'améliorer la vie de nos concitoyennes et de nos concitoyens.