Monsieur le ministre, je vous ai écouté avec attention et je vais redire ce que j'ai déjà dit : non, vous ne pouvez pas parler des « oubliés du Ségur », car votre prédécesseur Olivier Véran a reçu tout le monde. Il les a exclus du Ségur, et les mots ont leur importance : ce ne sont pas des oubliés, ce sont des exclus !
Savez-vous – mais je ne doute pas que vous ayez eu une note là-dessus – que les infirmières, malgré le Ségur, malgré l'augmentation de 50 euros justifiée par l'inflation, restent les moins bien payées de l'OCDE ? Vous rendez-vous compte que les démissions continuent, que l'envie de travailler n'est plus là, parce que les moyens que l'on n'arrête pas de vous réclamer ne sont plus là ? Les moyens qui font défaut, ce sont d'abord les moyens financiers – valorisation et augmentation des salaires –, ensuite les moyens humains – des ratios personnels-patients permettant de travailler dans la dignité –, enfin, les moyens techniques, car il est insupportable de s'entendre dire qu'on utilise trop de protections ou trop de compresses : quand on prend soin des gens, on n'a pas à faire des économies sur le matériel !
Si tous ces moyens n'étaient pas disponibles en quantité suffisante pour permettre un fonctionnement satisfaisant du système hospitalier, cela rendrait votre budget insincère, comme l'on dit mes collègues. Il y a un mois, lorsqu'on vous expliquait que nous voterions contre ce budget parce qu'il était insincère, que n'avons-nous pas entendu, et d'abord que nous étions des irresponsables ! Avec la rallonge que vous proposez aujourd'hui, vous nous apportez la preuve que nous avions raison.
Non seulement cette rallonge sera insuffisante, mais en plus, c'est de l'argent pris à la médecine de ville : vous expliquez en effet, monsieur le ministre, qu'il s'agit simplement d'économies faites sur la vaccination et sur les tests : c'est vous qui le dites ! N'est-ce pas en contradiction avec vos propos précédents, lorsque vous avez appelé les gens à se faire vacciner ?