Monsieur Sorez, la fidélisation est en effet une des préoccupations majeures de l'armée de l'air et de l'espace, davantage encore que l'attractivité et le recrutement. Pourquoi ? Parce qu'une fois nos aviateurs instruits, ils sont très convoités sur le marché civil, à la fois par l'aéronautique générale et par les industriels de la défense, en raison notamment de la croissance des exportations. Toutes les initiatives qui peuvent contribuer à fidéliser nos pilotes – rémunérations, accompagnement au quotidien grâce au plan « famille » – sont donc pour nous de première importance.
Paradoxalement, chez les pilotes, la tension est moindre qu'il y a quelques années. Ainsi, nous avons recruté l'année dernière douze pilotes de ligne issus du secteur civil. Ce n'est pas, grâce aux conditions salariales que nous les avons convaincus de nous rejoindre, mais grâce à l'intérêt des missions proposées – d'autant qu'ils étaient sous-employés au sein de leur compagnie. Ces pilotes, qui sont embauchés pour des périodes de trois ans renouvelables une fois, sont très intéressants pour nous alors que notre flotte d'Airbus MRTT monte en puissance.
En revanche, les tensions sont réelles dans les secteurs d'activité les plus technologiques, comme la cybersécurité – ces professionnels sont très difficiles à fidéliser et nous devons trouver des solutions pour les retenir –, et le MCO aéronautique : nos mécaniciens sont très courtisés…
Que faire ? Outre le plan « famille » déjà cité, nous avons mis en place certains dispositifs qui favorisent la fidélisation. Nous versons par exemple des primes de lien au service. Nous révisons également tout le parcours professionnel des sous-officiers, pour les inciter, dès leur arrivée chez nous, à devenir sous-officiers de carrière. Actuellement, ceux que ce parcours intéresse doivent se manifester après plusieurs années. Avec cette nouvelle approche, ce sont ceux qui ne sont pas intéressés qui devront le faire. Nous changeons de logique et inversons, en quelque sorte, le processus.
Monsieur Ardouin, l'école de Saintes est une pépite. J'ai d'ailleurs une pensée pour la famille de l'élève qui s'est tué en début de semaine dans un manège. Non seulement le taux de réussite au bac y est de 100 % depuis six ans, mais 80 % des jeunes qui en sortent rejoignent l'école de Rochefort et font une carrière dans l'armée de l'air et de l'espace. Pour revenir rapidement aux métiers en tension, nous venons justement d'ouvrir à Saintes une classe supplémentaire, dont l'objectif est l'orientation des jeunes vers les fonctions SIC (systèmes d'information et de communication).
Pour ce qui est de la vie de tous les jours, le plan « famille » offre un accompagnement et un soutien quotidien aux aviateurs, pour qu'ils soient débarrassés des soucis d'intendance et puissent se concentrer sur leur mission – même si les questions de logement et d'hébergement restent prégnantes. Dans le cadre de la prochaine LPM, nous travaillons sur un plan « famille » 2 pour compléter et améliorer cet accompagnement.
Monsieur Cubertafon, l'activité sur l'aéroport de Périgueux est liée à l'exercice Volfa, qui se déroule depuis notre base aérienne de Mont-de-Marsan. Il s'agit d'un exercice majeur pour l'armée de l'air et de l'espace, auquel participent plusieurs pays et qui permet de tester de nouvelles tactiques et de nouveaux dispositifs. Volfa provoque une concentration importante de moyens aériens qui sont déployés sur les aéroports alentour, à Périgueux notamment. Il y a donc, effectivement, une activité un peu particulière dans la région pendant les quinze jours que dure l'opération. Cet exercice est aussi l'occasion de montrer à nos concitoyens les outils dont dispose l'armée de l'air et de l'espace. Je suis toujours ravi de pouvoir le faire.
Les chiffres auxquels vous faites allusion correspondent au nombre d'appareils abattus dans le Haut-Karabakh au cours des dix dernières années. Je n'ai pas d'éléments plus récents à vous communiquer.