En juin dernier, le président de la République a déclaré que la France et l'Union européenne devaient entrer dans une économie de guerre et souligné la nécessité de nous organiser à cet effet. L'évolution de la situation géopolitique ne nous permet effectivement plus d'exclure formellement l'hypothèse d'un conflit de haute intensité. Dans ce contexte, afin de combler les carences mises en lumière par la guerre en Ukraine, le chef de l'État a demandé aux industriels français de hâter la production d'armement. Ces derniers comprennent la nécessité d'une montée en puissance, mais l'intensification demandée de l'effort est-elle soutenable à court terme ? D'une part, la hausse notable du budget défense sera pour partie annihilée par l'inflation, de l'ordre de 4 %, prévue par le Gouvernement pour l'an prochain ; les marges de manœuvre s'en trouvent donc réduites. D'autre part, nombre de nos industriels sont engagés dans des contrats conclus avec des puissances étrangères sous l'égide de la France, contrats que nous devons évidemment honorer puisqu'il en va de la fiabilité de notre pays en tant que partenaire commercial à l'international. En encore : les grandes entreprises concernées par la montée en puissance demandée doutent manifestement des capacités humaines et financières des sous-traitants avec lesquels elles travaillent à tenir une telle cadence. Nombre de ces sous-traitants, en grande majorité des PME, se trouvent dans une situation difficile par le cumul de multiples facteurs : la crise sanitaire, le remboursement des prêts garantis par l'État et des cotisations sociales, la crise de l'énergie, l'inflation du prix des matières premières. Des problèmes logistiques sont aussi prévisibles, toutes les entreprises ne disposant pas de la place nécessaire pour fabriquer et stocker le matériel demandé. J'ai été alertée sur mon territoire des difficultés des sous-traitants et de la nécessité de leur apporter une aide très rapide. Dans ce contexte, et malgré l'augmentation du budget, comment comptez-vous permettre à tous ces acteurs de répondre aux attentes du président de la République ?