Le président Emmanuel Macron nous a fait part de sa volonté de mettre en place une économie de guerre et d'être plus exigeant avec nos industries en termes d'innovation et de délais. Il y a en effet urgence à rebâtir notre industrie d'armement, attaquée depuis plusieurs années quand elle n'est pas rachetée par des pays étrangers. D'autre part, des questions stratégiques font s'interroger, par exemple le fait que le nouveau drone Eurodrone embarque des bombes GBU-49 de fabrication américaine plutôt que des bombes françaises ou même européennes ; il ne nous semble pas que le groupe Safran ait été consultés à ce sujet. Et que dire des programmes européens de développement de l'armement ? Le système de combat aérien du futur (Scaf) est à l'arrêt depuis presque un an, le désaccord entre Airbus et Dassault est consommé et l'avancée du programme est d'autant plus poussive que nous n'avons conservé qu'un seul des sept piliers du programme contre quatre pour l'Allemagne. Même si des progrès récents ont pu laisser croire à une reprise du projet, le groupe Dassault n'exclut toujours pas la création d'un plan B et Airbus cherche aussi à avancer de son côté. De plus, Dassault estime que la livraison des premiers appareils ne pourra avoir lieu qu'entre 2040 et 2050. Se pose aussi la question de la protection de nos technologies et de notre savoir-faire, menacés par l'industrie allemande. Le programme Scaf, même s'il aboutit, révèle un dilemme pour le Gouvernement : doit-il privilégier la coopération européenne ou le protectionnisme industriel ? Devons-nous sacrifier nos entreprises, nos compétences, notre intérêt stratégique pour sauver le programme Scaf, ou faut-il arrêter les frais et penser un programme de développement plus centré sur la coopération entre États et nous permettant de sauvegarder nos intérêts nationaux ?