Nous avons déjà dressé un premier bilan positif du pacte de visibilité de l'audiovisuel public pour les outre-mer. Je redonnerai le chiffre le plus important : le nombre de programmes ultramarins en première partie de soirée sur les chaînes de l'audiovisuel public est passé de huit en 2018 à quarante-et-un en 2021. Cela montre l'ampleur du déploiement sur l'ensemble des chaînes de programmes qui mettent en lumière les richesses de ces territoires. Au-delà de l'audiovisuel public, la place des artistes ultramarins et notre politique en faveur du patrimoine ultramarin figurent au nombre de nos priorités. Ainsi dans la commande publique Mondes nouveaux avons-nous mis un accent particulier sur les territoires ultramarins et réussi à obtenir un réel équilibre dans les candidatures. Beaucoup de projets se dérouleront donc dans les territoires ultramarins ; c'est une bonne nouvelle.
Nous avons beaucoup œuvré à la réduction du déséquilibre territorial. Les directions des grands musées parisiens sont déjà engagées dans le déploiement de leurs collections et de leurs expositions en région. Nous poursuivrons ce mouvement, dont je citerai deux exemples emblématiques : l'exposition nationale Arts de l'Islam conçue par le musée du Louvre a été présentée simultanément dans dix-huit villes de France, adaptée dans chacune aux collections locales pour les faire dialoguer avec celles du Louvre ; le Centre Pompidou, qui sera fermé pour travaux pendant trois à quatre ans, va développer un programme de circulation de ses collections et d'expositions « hors les murs ».
Vous avez souligné l'importance de renforcer l'attractivité de nos régions par de grands projets culturels. Je reviens à cet égard à Villers-Cotterêts. Il est remarquable que ce grand chantier présidentiel ne soit pas à Paris, et ne soit pas non plus un bâtiment neuf, contrairement à ce que voulurent souvent des présidents de la République désireux de laisser leur empreinte, mais qu'il consiste en la restauration d'un patrimoine gravement dégradé qu'il fallait faire revivre. C'est de l'attractivité de tout un territoire qu'il s'agit, dans la ville de naissance d'Alexandre Dumas et dans un département, l'Aisne, qui est une très riche terre littéraire – celle de Jean de La Fontaine, de Racine, de Paul et Camille Claudel – une terre de musées et de châteaux, une terre de promenades aussi avec la forêt de Retz et où l'on pourra susciter une attractivité touristique régionale nouvelle.
Vous semblez très inquiets de savoir comment l'État trouvera à financer l'audiovisuel public. Le budget global de l'État s'élève à plus de 300 milliards d'euros ; la dépense considérée en représente donc 1 % environ. Plutôt que moi, c'est Gabriel Attal, ministre délégué chargé des comptes publics, qui répondra sur les voies et moyens utilisés mais je n'ai aucune inquiétude. Je rappelle d'autre part que votre commission peut se faire communiquer par l'ARCOM les données qui lui permettent de progresser dans ses travaux ; j'espère que vous pourrez auditionner Roch-Olivier Maistre, son président. Vous trouverez aussi un certain nombre d'éléments dans le rapport des inspections des affaires culturelles et des finances. Je sais enfin que vous allez entendre les entreprises de l'audiovisuel public. Je pense donc que vous aurez accès à toutes les données nécessaires. J'ai indiqué que dans le PLFR pour 2022 est inscrite la compensation de la suppression de la contribution à l'audiovisuel public à l'euro près, effets fiscaux compris. J'ai aussi rappelé l'engagement, qui figure également dans le texte, que la totalité de la ressource sera versée en début d'année pour éviter une régulation infra-annuelle.
J'en viens à nos églises. Le plan de relance nous a permis d'agir en faveur de notre priorité absolue, la préservation du patrimoine. En particulier, le plan Cathédrales, doté de 80 millions d'euros, ce qui est sans précédent, se traduit par des chantiers sur tout le territoire. Ces chantiers créent des emplois et une dynamique territoriale, soutiennent des métiers d'art et des entreprises locales telles que des carrières de pierre, dans le Gers ou ailleurs. Ce plan se poursuivra. Nous resterons aussi très vigilants, grâce au Loto du patrimoine, à toutes les petites églises, dont certaines ne sont pas classées. Tout citoyen peut signaler sur la plateforme un site en péril, ce qui nous permet d'examiner avec la mission Bern et les DRAC quels sont les monuments à restaurer en priorité.
Cela étant dit, le programme de Marine Le Pen, que j'ai lu, faisait état d'un soutien au patrimoine dans l'optique « du redressement moral de la France ». Ce n'est ni mon vocabulaire, ni ma vision. Je n'ai pas à faire de plus amples commentaires sur le « défi sociétal » dont a parlé madame Frigout mais, pour ma part, je m'attache aux vocations que sont les métiers du patrimoine, ces métiers de sens et d'avenir, l'excellence de la main de nos artisans. C'est ce sur quoi je veux également mettre l'accent : le patrimoine, ce ne sont pas que des pierres, ce sont aussi des vies et des métiers, et ce sera une autre de nos priorités.