Je me réjouis que le pass culture suscite autant de passion et d'intérêt. Je dois cependant rectifier les montants cités. La somme allouée est de 300 euros à 18 ans, sachant, de plus, que l'éligibilité au dispositif est acquise jusqu'à la fin de la dix-neuvième année. La priorité a été donnée aux collégiens et aux lycéens pour faire la jonction avec la politique d'éducation artistique et travailler le plus possible avec les enseignants. En classes de seconde, première et terminale, le montant alloué est de 50 euros par élève et par classe, dont 30 euros sont destinés à une sortie collective et 20 euros à des dépenses individuelles. Au collège, la somme est de 25 euros par élève par classe. Le budget, calculé par classe puisqu'il s'agit d'organiser des sorties collectives, est donc assez élevé.
En disant que les adhérents au pass culture concentrent leur choix sur un nombre très restreint d'objets culturels, vous pensez, je suppose, aux mangas. Il me semble assez naturel que l'engouement pour les mangas qui touche toute la société se traduise dans l'utilisation du pass. Je compare cela à l'attirance pour le rock dans les années 1960… Mais lire des mangas, c'est lire, et les acheter en librairie plutôt qu'en les commandant en ligne à Amazon, c'est soutenir les librairies indépendantes. Surtout, la magie du travail des libraires opère, si bien que plus d'une fois sur deux, les jeunes venus acheter un manga ressortent de la librairie avec leur manga, certes, mais aussi avec un autre livre : de ce que l'on m'a dit, romans, bandes dessinées, livres de cuisine et livres féministes font partie des meilleures ventes via le pass culture. Il y a donc là un potentiel réel, le Syndicat de la librairie française pourra vous le confirmer.
Outre que les ventes par ce biais sont beaucoup plus diversifiées que les seules ventes de mangas, je tiens de la librairie Mollat à Bordeaux, la plus grande de France, que 10 % de son chiffre d'affaires se fait via le pass culture. C'est donc un soutien considérable pour les libraires indépendants. Surtout, cela donne l'habitude aux jeunes gens de se rendre à la librairie, de faire connaissance avec leur libraire, de se rendre compte de la magie des livres qu'ils peuvent y trouver – et, espérons-le, d'y retourner plus tard même quand ils n'auront plus le pass culture. Telle est l'idée qui sous-tend ce dispositif.
L'affiliation des acteurs culturels est une démarche libre assez simple. J'invite les structures culturelles de toute taille qui éprouveraient des difficultés à s'affilier à se mettre en contact avec les équipes de Sébastien Cavalier, le président de la SAS pass culture, et avec les équipes chargées du développement du dispositif auprès des DRAC.
La visibilité des outre-mer sur les chaînes de l'audiovisuel public est d'une telle importance qu'un pacte de visibilité a été conclu à ce sujet par France Télévisions sous l'œil vigilant du ministère de la Culture et du ministère des Outre-mer. Il a eu pour effet que 49,5 millions de téléspectateurs, soit 86 % de la population, ont regardé au moins un contenu ultramarin sur les antennes de France Télévisions en 2021 et que 8,7 millions de téléspectateurs en moyenne regardent chaque semaine des programmes ultramarins sur France Télévisions. Le portail numérique consacré aux outre-mer lancé en juin 2020 a reçu près de 20 millions de visites. Mieux encore, nous avions pour objectif le déploiement des programmes ultramarins sur toutes les chaînes du service public, et c'est le cas : le nombre de programmes ultramarins diffusés en première partie de soirée est passé de huit en 2018 à quarante-et-un en 2021.
L'un des axes prioritaires des contrats d'objectifs et de moyens 2020-2022 de Radio France et de France Télévisions était le renforcement de l'offre de proximité. Il est résulté du rapprochement des réseaux locaux de France 3 et de France Bleu le déploiement progressif, depuis 2019, des matinales communes, dont la généralisation est prévue en 2024. De janvier 2019 à janvier 2022, vingt-quatre matinales communes ont eu lieu ; dix devraient l'être dans les mois qui viennent et le mouvement se poursuivra. Un media numérique de la vie locale a été lancé ; intitulé « Ici », il est piloté paritairement par un GIE réunissant France Télévisions et Radio France ; c'est pourquoi j'ai mentionné ce possible mode de synergie pour concevoir et porter des offres nouvelles. Les synergies existantes doivent être approfondies ; le sujet sera abordé lors de la discussion des nouveaux contrats d'objectifs et de moyens.
Les Français ressentent le besoin de média de proximité, d'une information traitant encore davantage de la vie locale, ouvrant vers des services locaux et la prise en compte de la vie culturelle locale. À mon sens, c'est l'un des éléments clés qui permettront de renouer la confiance entre les Français et les média.
Le 05/08/2022 à 20:05, Aristide a dit :
"Il me semble assez naturel que l'engouement pour les mangas qui touche toute la société se traduise dans l'utilisation du pass. "
Vous ferez mieux d'encourager la création littéraire française plutôt que les produits de consommation japonais qui sont d'un niveau culturel affligeant.
Il n'y a par exemple quasiment aucune revue de nouvelles françaises, les gens ne lisent plus ou alors les produits formatés par Gallimard et autres. Les mangas pour les jeunes et les romans ultra bourgeois et sans intérêt pour les vieux, on voit dans quel état de décadence intellectuelle avancée est la France.
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