La suppression de la contribution à l'audiovisuel public est une décision gravissime. On peut évidemment prendre des engagements, mais autant en emporte le vent, car demain est un autre jour. De plus, l'engagement de financement pérenne est en contradiction avec les termes de la loi organique relative aux lois de finances (LOLF) ; je pense d'ailleurs que le Conseil d'État s'est exprimé sur ce point – vous nous le direz peut-être. Ensuite, comment ne pas parler de la volonté du pouvoir politique qu'exprime cette décision ? On sait bien qu'après la suppression de la redevance, la dépendance de l'audiovisuel public sera totale et que, finalement, la liberté de la presse et son indépendance seront remises en cause. Telle est la réalité, et cela me fait dire que vous avez mille fois tort d'avoir pris cette décision. Il eût été préférable de lancer un travail collectif pour définir une redevance renouvelée, comme cela a été proposé.
Le pass culture peut être considéré comme une avancée, bien que le premier bilan dressé ne soit pas très encourageant : on se rend compte que son utilisation est limitée et son attractivité relative. Selon moi, cela tient pour l'essentiel à ce que l'approche retenue est consumériste. Or, il ne peut y avoir de pass culture efficace s'il n'y a pas d'offre culturelle en face, laquelle est de plus en plus rare parce que de nombreuses directions régionales des affaires culturelles (DRAC) n'encouragent que les initiatives importantes, les gros festivals, si bien qu'en réalité la vie culturelle territoriale n'existe plus. Faute d'offre culturelle valable partout sur le territoire métropolitain et outre-mer, le pass culture n'aura pas de succès.