Les choses commencent fort mal. Les coups d'autorité de votre Gouvernement se multiplient et cela vaut pour la culture aussi : en plein été, dans la précipitation et une opacité totale, vous décidez de supprimer la contribution à l'audiovisuel public sans réelle garantie de financement alternatif. Comme le disent les syndicats, vous décidez ainsi, en catimini, la mise à mort du service public de l'audiovisuel, vous attaquez le droit des Français à une information pluraliste et indépendante, à une offre culturelle vivante et diversifiée. Après la suppression de France Ô, devons-nous nous attendre, à terme, à une chaîne publique unique sous pression gouvernementale, un nouvel ORTF en concurrence avec les chaînes privées ? Après la codiffusion de Roland Garros, les Français devront-ils payer Amazon pour voir le Tour de France ? Après la fin de Plus belle la vie, devront-ils s'abonner à Canal Plus pour regarder les séries françaises ? Nos créateurs, qui participent à notre rayonnement international, devront-ils plaire à Bolloré pour être financés ?
Vous avez la mauvaise foi de présenter cette mesure comme un gain de pouvoir d'achat pour les Français. Pourtant, le rapport de Julia Cagé montre que conserver la redevance et la rendre progressive permettrait un gain de pouvoir d'achat pour 85 % des Français ; son auteure expose aussi que près de 80 % des Français ne veulent pas la suppression de la redevance.
D'autre part, pourquoi la représentation nationale n'a-t-elle pas connaissance du rapport de l'Inspection générale des affaires culturelles commandé par Jean Castex en octobre 2021 ? Serait-ce parce qu'il n'est pas favorable à cette suppression ? Je rappelle les propos que tenait en 2018 la députée Aurore Bergé, aujourd'hui présidente du groupe Renaissance : « Le fait d'avoir 85 % de ses ressources assurées permet à France Télévisions d'avoir cette agilité que tout le monde salue aujourd'hui, c'est une leçon pour les détracteurs de la redevance ». Madame la ministre, si vous n'écoutez ni les Français, ni les syndicats, ni même les leçons des députés de votre propre camp, et si vous ignorez les conclusions des rapports, qui écoutez-vous en supprimant cette redevance, sinon Éric Zemmour et Marine Le Pen qui rêvent d'en finir avec notre service public de l'audiovisuel ?