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La disproportion en faveur de la province Nord et des îles Loyauté, voulue par les accords de Nouméa et acceptée par l'ensemble des parties, permet une meilleure représentation du peuple kanak. Je pense que tout le monde est d'accord là-dessus.
...e de nickel dans le Nord. Or on en a aussi ouvert une seconde dans le Sud : on est donc passé d'une usine dans le Sud contre zéro ailleurs à deux usines contre une. En termes de rééquilibrage économique, c'est un problème. Tout à l'heure, j'ai donné des chiffres à M. Gosselin à ce sujet. Je vais vous lire un extrait d'un document du ministère de la justice, qui établit qu'« à situation égale, un Kanak gagne en moyenne 32 % de moins qu'un non-Kanak ».
« À Nouméa, les 10 % des ménages les plus pauvres (Kanak, Wallisiens et Futuniens) gagnent treize fois moins que les 10 % des ménages les plus riches (Européens), pour un ratio de un à cinq en métropole. Le taux de chômage kanak est nettement au-dessus de celui de la moyenne calédonienne globale. Bien que, depuis le début des années 1990, le niveau d'éducation ait augmenté en Nouvelle-Calédonie, en 2009, 54,1 % des Européens étaient bacheliers, contre ...
Je profite de cet amendement pour revenir sur les propos de M. Houlié. Nous ne les avons pas beaucoup cités depuis hier, mais les partis calédoniens indépendantistes, qui ne sont pas représentés dans cette assemblée parce qu'ils n'ont pas accordé leurs voix à M. le rapporteur – l'Union calédonienne et le Parti de libération kanak (Palika) –, sont clairement opposés à ce projet de loi constitutionnelle. L'Union calédonienne estime que le texte est de nature à « déstabiliser les équilibres du pays ». Il fait le constat de l'échec des discussions bilatérales avec l'État et estime qu'il faut donner une chance à la discussion ouverte avec une partie des non-indépendantistes. Le Palika, quant à lui, qualifie ce projet de loi co...
...iquement leurs propres affaires ; écartant tout système de colonisation fondé sur l'arbitraire, elle garantit à tous l'égal accès aux fonctions publiques et l'exercice individuel ou collectif des droits et libertés proclamés ou confirmés ci-dessus. » Ce que décrivent ces articles n'existe pas en Nouvelle-Calédonie. Nous vous avons rappelé les chiffres, notamment ceux de l'emploi. Le dernier juge kanak est décédé la semaine dernière.
Collègues, nous parlons d'un territoire marqué par des faits politiques. Je pense, bien évidemment, à la prise d'otages d'Ouvéa, le 5 mai 1988, qui a conduit, dans une période d'extrême tension politique, à la mort de vingt et une personnes, dont deux gendarmes et dix-neuf militants kanak. Tout le monde s'accorde aujourd'hui, y compris de hauts responsables du GIGN (Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale), pour reconnaître que ce drame aurait pu être évité si le dialogue politique avait été possible.
Que voulez-vous pour la Nouvelle-Calédonie ? La paix ou la guerre ? Si je vous interroge, c'est que la question se pose, à entendre vos arguties. Vous prétendez, depuis le début de l'examen de ce texte, qu'il sera plus facile d'aboutir à un accord entre les parties si on vote ce projet de loi. Ce sera tout le contraire ! Et votre position témoigne de votre méconnaissance de la mentalité kanak. Finalement, vous ignorez tout de vos concitoyens. Ce n'est pas le couteau sur la gorge que les Kanaks accepteront quoi que ce soit. Si, au lendemain de ce vote, la mèche dont vous approchez le briquet s'enflamme, si la situation finit par exploser,…
...tions hors du temps, hors du monde. En ce moment même, dans le monde, la colonisation, sa violence meurtrière et barbare, nous émeuvent, nous bouleversent, nous mobilisent aussi. C'est un sujet qui peut donner lieu à un certain échauffement des esprits, mais c'est normal, car, pour beaucoup d'entre nous, il remue des choses insupportables. Nous ne supportons pas l'injustice, et ce que vivent les Kanaks en Nouvelle-Calédonie est une injustice qui ne s'arrête pas. On vous a parlé des injustices et des inégalités sociales et économiques. L'État français ne nous a pas apporté de réponse satisfaisante : il n'a pas réussi à endiguer la violence, à réparer les fautes de la colonisation !
...pation a été très élevé, dépassant les 80 %. Si la participation a drastiquement diminué lors du dernier référendum, c'est parce que vous n'avez pas créé les conditions permettant un appel général en faveur d'une large mobilisation des électeurs. Ce référendum a donc perdu en légitimité. La cause en est que vous avez voulu aller plus vite que la musique et que vous n'avez pas respecté la culture kanak, qui requérait une période de deuil plus longue. Vous avez donc créé les conditions d'une faible participation à ce référendum – comme vous créez les conditions d'une faible participation aux élections européennes à venir. Voilà l'un des sujets sur lesquels vous ne nous apportez pas de réponse. Vous bottez en touche : la démocratie s'applique même quand elle ne nous plaît pas, nous dites-vous.
Kanaky est inscrite sur la liste des territoires non autonomes de l'ONU. Il faut que la Constitution consacre celle-ci, seul lieu d'échange entre nations dans un monde toujours plus complexe, comme organe suprême en matière de droit international : c'est à cette instance que la France doit rendre des comptes au sujet de la Nouvelle-Calédonie.
Un point me semble encore mal compris depuis le début du débat : c'est l'enjeu pour les Calédoniens que représente le dégel du corps électoral. En effet, pour les indépendantistes, pour le peuple kanak, la Nouvelle-Calédonie a été une colonie de peuplement. Hier, monsieur le ministre, vous avez évoqué les bateaux qui, accostant dans l'archipel, y apportèrent les maladies qui ont décimé le peuple premier. Des chercheurs travaillent sur le sujet : je pense notamment à Christophe Sand qui, dans un excellent livre intitulé Hécatombe océanienne, étudie ce qu'il appelle la dépopulation des île...
Prenons l'exemple de la vallée de Tiwaka : aujourd'hui peuplée d'une centaine de personnes, elle devait en compter de 30 000 à 60 000 avant que les Européens n'abordent l'archipel. Autrement dit, des centaines de milliers de Kanaks sont morts depuis l'arrivée des Européens en Nouvelle-Calédonie. À l'évidence, la question du peuplement est donc fondamentale. On ne peut comprendre la réaction des indépendantistes à ce projet de loi en ignorant le traumatisme qu'a été la colonie de peuplement.
Dans le sillage des deux interventions précédentes, je commencerai par revenir sur l'histoire du peuplement du territoire de la Nouvelle-Calédonie, Kanaky, puisqu'hier, certaines interventions particulièrement insultantes ont laissé croire que les positions défendues par les indépendantistes relevaient de la xénophobie et du racisme. Ne pas comprendre l'histoire de cet archipel et les raisons pour lesquelles la question démographique est politique et même existentielle pour le peuple autochtone, c'est passer à côté du débat. Le collègue Lachaud a...
... principe, suscite de nettes divergences quant à ses modalités ; nécessité, car en l'absence d'accord, compte tenu du gel, aucune élection au Congrès ou aux assemblées de province ne pourrait avoir lieu sans être contestée devant les tribunaux et sans aucun doute annulée. Je rappelle que près de 20 % de la population calédonienne, des citoyens français nés en Nouvelle-Calédonie, petits-enfants de Kanaks ou de loyalistes, sont privés du droit de vote à ces élections. Face à cette nécessité, à cette contrainte, notre groupe estime le projet de loi équilibré : d'une part il fixe une durée de résidence raisonnable, d'autre part il est subsidiaire à un éventuel accord, jusqu'à dix jours avant les élections, lesquelles pourront avoir lieu jusqu'en novembre 2025. Il reste donc du temps et nous espéro...
...ue serait, pour lui, le scénario du pire. Il m'a répondu : qu'il y ait un mort. Notre responsabilité est donc grande. Gouverner, c'est prévoir, anticiper, non pas se précipiter, notamment face à une situation aussi délicate : personne n'a osé faire ici l'inventaire des deux dernières nuits. Souvent, ceux qui se sont exprimés ont évoqué la prise d'otages d'Ouvéa et ses vingt et un morts. Pour les Kanaks, ce n'est pas une vingtaine de morts qu'a représenté la colonisation de la Nouvelle-Calédonie.
Les 170 ans de présence française ont engendré des batailles, dont la plus connue menée par le chef Ataï : des milliers de Kanaks furent massacrés sur leur propre terre. Nous pouvons mesurer le chemin parcouru par ce peuple qui, de lui-même, a considéré qu'il pouvait accepter d'autres peuples sur sa terre, ouvrant la voie à un destin commun. Jean-Marie Tjibaou a toujours évoqué ce « pari sur l'intelligence ». Il demandait aux représentants du gouvernement français de l'époque d'oser ce pari : une décolonisation originale,...
La légitimité de cette revendication dépasse tout ce que nous appelons égalité, constitutionnalité, avis du Conseil d'État. Les Kanaks disent souvent : « Vous avez la montre, nous avons le temps ». Je ne sais pas si, dans cette assemblée, nous pouvons tous mesurer la philosophie kanak. Pas une réunion ne se tient avec les Kanaks – vous le savez, monsieur le ministre, vous qui vous êtes rendu à plusieurs reprises en Nouvelle-Calédonie – sans être précédée d'une cérémonie, sans que leurs propos débutent par la formule : « en tout...
D'autre part, à propos du sens de l'histoire – et dès lors qu'on évoque la Nouvelle-Calédonie, on convoque l'histoire –, si nous faisons référence à la colonisation et aux peuples présents en Nouvelle-Calédonie – notamment au peuple kanak, qui est le peuple premier –, c'est parce que ce peuple est assez extraordinaire : il est capable d'une résilience fabuleuse. Le peuple kanak l'affirme clairement : nous reconnaissons qu'il y a des victimes de l'histoire sur la terre de la Nouvelle-Calédonie, et que des gens s'y trouvent qui n'ont pas demandé à y venir, mais qui ont été victimes de déportation – dans le cas des bagnards – et de d...
elle suppose le respect des droits de l'homme, et c'est ce que nous rappelle l'ONU en nous enjoignant de respecter le peuple premier que sont les Kanaks en Nouvelle-Calédonie.
...s collègues, ainsi que les forces de l'ordre sur le terrain, auxquelles nous apportons tout notre soutien. Loin d'inciter à l'insurrection – nous nous associons évidemment aux appels au calme –, nous devons cependant souligner que ces violences extrêmes ne surviennent pas sans aliment. Vous le savez parfaitement : le gel du corps électoral fut la solution de compromis trouvée pour éviter que les Kanaks ne soient systématiquement minoritaires lors des référendums d'indépendance. Garant de la représentativité de ces scrutins, il ne peut disparaître sans un accord global au sein de la population locale, au risque de refermer toutes les portes de sortie ouvertes par l'accord de Nouméa. Depuis plusieurs mois, vous vous êtes lancé dans une pièce de théâtre, dont vous avez distribué les rôles sans a...