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Permettez-moi tout d'abord de remercier les députés du groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires d'avoir choisi d'inscrire à l'ordre du jour de cette semaine de contrôle un débat sur l'hyperconcentration des dépenses du ministère de la culture en Île-de-France. C'est un thème qui nous est cher : en effet, si la centralisation induit de nombreuses disparités socio-économiques, en matière d'éducation, d'accès aux transports et aux soins, ou encore de services publics, ce mal bien français concerne également l'accès à la culture pour l'ensemble des concitoyens et la valorisation de notre patrimoine. Même si cela n'a pas toujours été le cas, on a aujourd'...
...ance Bleu dans nos territoires ne disposant, en comparaison, que de peu de moyens ? Il suffit d'ailleurs de regarder le journal de vingt heures pour s'en convaincre : en fond figure une vue de Paris – comme si la capitale représentait à elle seule le journal national ! Parfois, j'ai du mal à m'y retrouver : je me demande s'il s'agit vraiment d'un journal national, ou plutôt du journal de France 3 Île-de-France. Le traitement de l'information qui y est fait me contrarie également – même si cela dépasse un peu le cadre de notre débat ce soir : bien souvent, j'ai l'impression qu'il s'agit surtout de relayer la vision des Parisiens sur le reste de la France, sur l'Europe et sur le monde. Venons-en aux chiffres, car ceux-là sont implacables, sinon sidérants : selon ceux du ministère de la culture, actuelle...
...jà permis de soutenir 514 projets, dont la moitié en zone rurale. Dans mon département du Nord, les artistes amateurs de la fanfare d'Avesnes-sur-Helpe ont ainsi été soutenus financièrement dans l'achat d'instruments de musique, mais aussi dans leurs déplacements et les activités d'éveil musical qu'ils assurent. Ces exemples de réussite ne doivent cependant pas masquer une réalité historique : l'Île-de-France concentre 36 % des établissements culturels français, 54 % de ceux de plus de cinquante salariés et, selon l'Insee, quatre emplois culturels sur dix. En 2022, près de 60 % des crédits du ministère de la culture étaient dépensés en Île-de-France, l'ensemble des autres régions ne disposant que de 40 % du budget. En moyenne, la dépense culturelle par habitant entre la province et Paris varie selon u...
L'hyperconcentration en Île-de-France des dépenses du ministère de la culture est indéniable. En 2018, selon ses chiffres mêmes, sa dépense annuelle s'élevait à 139 euros par Francilien contre en moyenne 15 euros par habitant du reste du territoire. Suivant la direction générale des patrimoines et de l'architecture, sur les onze projets de grands travaux patrimoniaux programmés pour la période 2020-2027 et représentant en tout 1 670 ...
...ouis Vuitton ou acheté dernièrement, au prix de 43 millions d'euros, pour le musée d'Orsay, un tableau de Gustave Caillebotte. Au lieu d'entonner « Merci patron », il y aurait lieu de remercier le contribuable, qui a financé l'essentiel de cet achat, LVMH bénéficiant d'une réduction d'impôt égale à 90 % de la somme dépensée ! Le problème ne réside donc pas dans l'existence de ces financements en Île-de-France, mais dans leur insuffisance globale en vue d'un égal accès des Français à la culture. Or celui-ci ne peut être assuré tant que les enjeux culturels restent à la charge des collectivités territoriales, lesquelles, prises entre l'explosion des prix de l'énergie et la baisse continue des dotations, peinent de plus en plus à boucler leur budget.
...implantés à Paris. Dans mon rapport, je suggérais de privilégier à l'avenir la création d'opérateurs culturels hors de la région francilienne. Ne pensez-vous pas, madame la ministre, que le principe de l'implantation dans les territoires des futurs grands musées nationaux devrait devenir la règle ? Si l'on s'intéresse aux grands projets, on constate que 72 % des crédits sont destinés à la région Île-de-France. Cette tendance devrait se poursuivre avec la perspective de l'entrée en travaux en 2024 du centre Pompidou, dans le cadre de son schéma directeur. La politique patrimoniale de l'État dans les territoires ne peut pas se réduire au projet de Cité internationale de la langue française de Villers-Cotterêts. D'autres grands projets doivent irriguer les différentes régions ; leur impact nourrira, nota...
...llier et Strasbourg, cette proportion s'établit à 3 %, et les zones d'emploi des autres grandes métropoles régionales comme Bordeaux, Lille, Marseille, Nantes, Nice, Rennes ou Toulouse comptent toutes plus de 2 % de professionnels de la culture. S'agissant de la répartition territoriale des établissements culturels employeurs, rapportée à celle de la population, on constate une prépondérance de l'Île-de-France : la région compte vingt-cinq entreprises de ce secteur pour 10 000 habitants ; c'est onze points de plus que Provence-Alpes-Côte d'Azur et la Corse, les deux régions les mieux dotées après elle selon ce critère. En comparaison, les Hauts-de-France ne sont dotés que de sept établissements pour 10 000 habitants. En raison de cette concentration des équipements nationaux et des grands opérateurs cu...
Le groupe LIOT invite le Gouvernement, et nous invite, à réfléchir à la question de l'hyperconcentration en Île-de-France des dépenses du ministère de la culture – tout en se demandant s'il s'agit d'une fatalité. Pour ma part, je ne le crois pas et je pense que cette question est très pertinente. Elle rejoint en effet le souhait d'André Malraux qui, dès 1959, au moment de créer le ministère de la culture, avait voulu que les Drac nouvellement installées fassent vivre la culture dans tous les territoires de notre pay...
...nt à l'intitulé du débat. Car Paris n'est pas Saint-Denis et Versailles n'est pas Villejuif, la ville où je réside et où je suis élue. On parle trop souvent des départements franciliens, ou de la banlieue parisienne, comme des périphéries de Paris. Ce regard centralisateur invisibilise les villes de banlieue, tout particulièrement les quartiers populaires, aussi bien que les régions. Envisager l'Île-de-France comme un bloc homogène me semble une erreur. Dès lors, il me paraît surprenant d'aborder la question de la fracture culturelle française sans poser la question du développement de la culture dans les quartiers populaires, dans les campagnes, dans les villages. Car les freins qui empêchent les jeunes de fréquenter les grandes institutions culturelles existent, même quand ces dernières sont à porté...
...Que la plupart des opérateurs de l'État soient présents en région parisienne explique ce fait, mais en partie seulement. La concentration des crédits de la culture est autant la conséquence d'un développement territorial peu équilibré que celle de politiques publiques qui tendent à renforcer la concentration des moyens. Les députés du groupe LIOT ont choisi de retenir comme périmètre la région d'Île-de-France, qui capte l'essentiel des crédits du ministère de la culture au détriment des autres collectivités. Je comprends cette logique car elle renvoie à une réalité administrative et budgétaire, celle des Drac, mais je me permets de souligner que l'Île-de-France recouvre des réalités très hétérogènes : une hyperconcentration des richesses comme une hyperconcentration de pauvreté, des déserts médicaux, ...
...ansférées, l'État continuant à exercer les compétences régaliennes dans les domaines patrimoniaux. Le financement est également partagé : hors bloc communal, il est de 71 euros par habitant pour la collectivité de Corse et de 13 euros par habitant pour le ministère de la culture, soit au total 84 euros. C'est moins de la moitié des 195 euros par habitant dépensés par le ministère de la culture en Île-de-France. Les chances de survie d'une culture ne sont pas simplement proportionnelles à l'argent investi pour la défendre. Mais il est indéniable que le soutien et la valorisation de productions artistiques inscrites dans la culture corse sont des atouts majeurs. Il est donc temps, vingt ans après la création de ce statut hybride, d'en faire le bilan et d'envisager les moyens à mobiliser pour valoriser l...
Si la concentration des moyens du ministère de la culture en Île-de-France est une réalité sans doute partielle, elle n'est pas une fatalité, car nous avons clairement des leviers pour la combattre. Si près de 60 % des crédits du ministère de la culture ont été dépensés en Île-de-France en 2022, c'est majoritairement parce que cette région concentre historiquement, et encore actuellement, des infrastructures culturelles majeures. Ainsi, la région francilienne dispose de...
La concentration des dépenses du ministère de la culture en Île-de-France est un sujet dont nous avons parfaitement conscience. Le ministère de la culture, lui-même, a évalué ces inégalités entre territoires dans un rapport rendu par son inspection générale en avril 2014. Depuis ce constat, il fait d'une politique de rééquilibrage budgétaire sa priorité et les Drac l'appuient quotidiennement dans cette mission. Des financements ont ainsi été spécifiquement affectés aux...
Le débat souhaité aujourd'hui par le groupe LIOT s'intitule « Hyperconcentration des dépenses du ministère de la culture en Île-de-France : une fatalité ? » À cette question un brin simpliste, je voudrais répondre aussi simplement, non ! Bien sûr, nous constatons depuis bien longtemps que nos concitoyens ressentent une véritable fracture culturelle entre les métropoles et les petites communes. C'est pourquoi notre majorité a placé l'accès à la culture pour tous et dans tous les territoires au cœur des dispositifs qu'elle défend de...
Du fait de son histoire et du nombre d'habitants qu'elle abrite, la région Île-de-France concentre une grande part des lieux de spectacle vivant, des monuments, des musées et des crédits d'action culturelle. Les budgets culturels des autres régions s'en trouvent amoindris : selon la Drac, le soutien du ministère de la culture représentait 22 euros par habitant en 2019 dans ma région, l'Auvergne-Rhône-Alpes, contre 168 euros par habitant en Île-de-France. Les régions et les grandes v...
En 2018, l'engagement de l'État dans la culture représentait 139 euros par habitant et par an en Île-de-France, contre 15 euros hors de cette région. Par ailleurs, 42 % des professionnels de la culture sont franciliens. Ces simples chiffres montrent combien le débat sur les investissements dans la culture en dehors de l'Île-de-France dépasse la politique culturelle : ils sont la trace d'un passé ultracentralisé qui ne passe pas ; ils révèlent aussi que l'égalité républicaine est mise à mal. Quand il est ...
Pour ma part, je ne poserai qu'une question : je la garde pour la fin. Nous partageons largement le constat de l'hyperconcentration francilienne de la culture. Pour y remédier, je considère qu'il convient de renforcer deux tendances : la décentralisation de la culture et son mouvement vers la ruralité. En effet, le tiers des théâtres et les deux tiers des musées nationaux sont situés en Île-de-France. Les collectivités territoriales travaillent en ce sens : elles constituent le premier acteur culturel et représentent 72 % de la dépense culturelle publique. Toutefois, le ministère de la culture se doit d'être tête de proue grâce à son expertise, son réseau et ses ressources. Étant élu dans une circonscription rurale dont la plus grande ville ne compte que 6 000 habitants, je peux vous citer p...
... national. Peut-être ce sous-financement se reflète-t-il dans la répartition des investissements privés dans le patrimoine. Je n'ai pas de chiffres pour établir leur degré de concentration, mais je me pose cette question. Peut-être les avez-vous, madame la ministre. L'enseignement supérieur artistique est également concentré. En effet, de nombreuses institutions nationales existent à Paris et en Île-de-France. Ailleurs, par exemple à Marseille, ces institutions d'enseignement supérieur sont financées par la ville. Bref, un rééquilibrage est nécessaire. Nous proposons non pas de diminuer les crédits mais au contraire d'augmenter le budget de la culture. Une grande part de l'activité culturelle et du service public de la culture repose actuellement sur les collectivités locales : or celles-ci font face...