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...place et les conditions de formation. Les élèves des lycées professionnels et les apprentis partagent une caractéristique : l'indissociabilité de leur origine populaire et de leurs difficultés scolaires. À niveau scolaire strictement comparable, la probabilité pour que les élèves d'origine populaire soient orientés vers un bac professionnel est 93 fois plus élevée et vers un certificat d'aptitude professionnelle (CAP) 166 fois plus élevée. Ces similitudes s'arrêtent toutefois là. À la suite des réformes menées à partir des années quatre-vingt, orientées vers la valorisation de l'entreprise formatrice et le rapprochement entre l'école et l'entreprise, l'apprentissage est devenu très sélectif. L'enquête que nous avons menée pour l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (Injep) et le ...
...e des élèves qui sont, pardonnez-moi l'expression, cabossés par la vie. Mme Kergoat l'a très bien souligné : il s'agit de jeunes issus de milieux populaires, cumulant des difficultés économiques, sociales et scolaires et qui sont assez éloignés des attendus de l'éducation nationale. L'engagement sans faille des enseignants de lycées professionnels permet de les remobiliser, à travers les matières professionnelles, sur des savoirs plus académiques et d'aboutir à des parcours de réussite : pratiquement la totalité des jeunes concernés atteint ainsi un premier niveau de certification, sanctionné par un diplôme. Je rappelle par ailleurs qu'il n'y a pas en lycée professionnel de « gâchis collectif » comme a pu le déclarer le Président de la République : 13 % des jeunes décrochent, ce qui est certes encore tr...
Je remercie le groupe Gauche démocrate et républicaine – NUPES de nous permettre de débattre ensemble non seulement sur un enjeu scolaire mais également, cela a été rappelé, sur un enjeu de société. Des travaux ont été lancés fin octobre afin de réfléchir à une nouvelle réforme du lycée professionnel : pour alimenter ces travaux, une évaluation de la transformation de la voie professionnelle engagée en 2019 a été présentée, transformation fondée sur les préconisations que j'avais formulées, avec Régis Marcon, dans le cadre de la mission qui nous avait été confiée à l'époque par le ministre Jean-Michel Blanquer. Parmi les mesures phares de la transformation de la voie professionnelle, je citerai les innovations pédagogiques telles que la co-intervention entre enseignants de matières ...
La transformation de la voie professionnelle que vous avez en effet engagée a permis de supprimer 1 500 postes en lycées professionnels et a réduit de manière radicale les enseignements généraux : pour citer quelques exemples, en CAP, nous sommes passés de trois heures de français par semaine à une heure, alors même que les élèves concernés sont les plus fragiles ; en bac professionnel, le nombre d'heures consacrées aux matières lettres-his...
L'une des difficultés du lycée professionnel est qu'il manque de temps. Au fil des ans, la formation est passée de quatre à trois ans. Comme la première année est consacrée à la découverte des métiers, et la dernière à se préparer à l'enseignement supérieur ou à l'insertion professionnelle, il reste très peu de temps pour former les élèves à ce qui me semble constituer le socle du lycée professionnel : le métier. Historiquement, le métier a toujours été l'outil d'émancipation des classes populaires. Ces jeunes ont besoin d'un métier, et pas seulement d'un emploi – c'est très important. Le numérique peut constituer une piste intéressante pour les filles, mais je trouve dommageable ...
En préambule, je précise que j'ai effectué toute ma carrière dans la formation professionnelle et en lycée professionnel. Ma question porte sur les élèves les plus fragiles, notamment ceux qui bénéficient de dispositifs d'enseignement adapté comme les Segpa – sections d'enseignement général et professionnel adapté –, les Erea – établissements régionaux d'enseignement adapté – et les LEA – lycées d'enseignement adapté : la réforme affectera-t-elle ces publics dont les particularités sont en...
...autant sur la possibilité de poursuivre des études supérieures après le lycée professionnel. J'estime au contraire que ces deux voies de formation sont équivalentes – il est d'ailleurs parfaitement possible de faire un BTS après une formation en alternance, et d'aller jusqu'à une école d'ingénieur en ayant commencé par un CAP en apprentissage. Il n'y a pas lieu d'opposer une voie royale – la voie professionnelle – à une voie qui déboucherait uniquement sur l'emploi – l'apprentissage. À ma connaissance, les élèves ne sont pas systématiquement dirigés vers l'université ou vers un BTS après le lycée professionnel. Certains ont intérêt à s'insérer dans le monde du travail après un baccalauréat professionnel : les inciter à poursuivre des études supérieures les conduirait à l'échec.
Nous considérons que la voie professionnelle fait partie du patrimoine national et qu'elle est un conservatoire du savoir-faire et des métiers : ce bien commun doit être regardé avec la plus grande précaution. Aussi sommes-nous dubitatifs à l'égard du projet de réforme que le Gouvernement a engagé avec une certaine forme de rudesse, voire de brutalité. La réforme de M. Blanquer a abîmé l'enseignement professionnel : le chef-d'œuvre est un g...
L'orientation professionnelle mérite indéniablement une réforme. Notre étude révèle que six lycéens professionnels sur dix éprouvent un sentiment d'injustice, au premier chef parce qu'ils vivent leur orientation comme une humiliation. Ils se sentent stigmatisés comme des élèves non intelligents. Il importe très certainement de réformer le collège, bien qu'il l'ait déjà été à de nombreuses reprises. Outre l'orientation, il se...
Je tiens d'abord à remercier vivement mes collègues du groupe GDR – NUPES, qui ont eu l'initiative de ce débat. À en juger par les trois questions posées en séance au Gouvernement le 18 octobre, les initiatives de tous bords au sein de l'Assemblée nationale et la mobilisation sans précédent de l'ensemble des acteurs du lycée professionnel, la voie professionnelle occupe dans le débat public la place qui lui est due. J'ose espérer qu'elle a encore un avenir. Mesdames Gérardin et Kergoat, monsieur Doré, je vous remercie pour votre expertise et pour vos exposés qui reflètent une réalité parfois glaçante. Madame Kergoat, l'une des pistes évoquées pour mener cette réforme est d'accorder davantage d'autonomie aux régions et aux établissements afin de développe...
...ant de circuler entre différents territoires. Enfin, la recherche démontre que l'école a pour rôle de transmettre aux élèves des compétences suffisamment variées pour s'adapter à différents métiers, à différents milieux professionnels. En rester au principe d'adéquation entre la formation et l'emploi ne permet donc pas d'élargir l'éventail de compétences des élèves, ni de favoriser leur réussite professionnelle.
...opres enfants ? Pensons-nous que nous devrions les orienter vers les filières du bâtiment, au motif que ce secteur manque d'attractivité ? Non ! Puisque nous rejetons cette idée pour nos propres enfants, pourquoi agirions-nous ainsi envers les enfants des autres ? Ayons de l'ambition pour les jeunes les plus défavorisés ! Nous pourrions, par exemple, les intégrer à une planification des filières professionnelles correspondant aux grands défis de demain : les enjeux environnementaux, la prise en charge du grand âge ou encore la nécessaire réindustrialisation du pays. Il s'agit de repenser la voie professionnelle de manière à offrir aux élèves des qualifications solides et équilibrées, permettant au pays de faire face à ces défis d'avenir, et non selon la vision étriquée défendue par Carole Grandjean, qui...
... au plus près du terrain, de tenir compte de l'avis de l'ensemble des partenaires de terrain que vous êtes et de prendre le temps de l'expérimentation. Ayant moi-même mené en tant que député une concertation dans ma circonscription du Tarn, je vous prie de croire que nous entendons les inquiétudes dont vous faites part, et vous assure que nous partageons tous l'objectif commun d'améliorer la voie professionnelle et de lutter contre le décrochage. Un aspect important de la réforme, qu'avait d'ailleurs évoqué le Président de la République, consiste à augmenter la durée des stages et à les rémunérer. Vous avez indiqué qu'il vous est difficile de vous prononcer, car vous ne disposez pas de l'ensemble des éléments. Toutefois, comme l'a rappelé Céline Calvez, tous les employeurs que nous recevons dans nos cir...
La réforme annoncée du lycée professionnel nous inquiète. À nos yeux, elle ne répond pas aux difficultés rencontrées par les élèves et les enseignants de la voie professionnelle ; pire, elle risque de les aggraver. Plusieurs réformes menées par le passé ont déjà abouti à la réduction de quatre à trois années la formation au bac professionnel, conduisant à une réduction du nombre d'heures de cours pour les élèves et à la suppression de nombreux postes d'enseignants. En proposant de réduire le nombre d'heures de cours au profit d'heures de stages en entreprise, vous allez...
Comme vous l'avez souligné, madame la ministre déléguée, la réforme de la voie professionnelle a notamment pour objectif de faire progresser le taux d'insertion dans l'emploi et de faciliter la poursuite d'études. En préparant mieux les élèves au monde professionnel, je pense que l'augmentation de la durée des stages aura un impact direct sur la progression du taux d'insertion. À cet égard, on peut d'ailleurs souligner le succès que connaît actuellement l'apprentissage, voie plébiscitée pa...
... maîtrise ni la lecture, ni le calcul élémentaire. Par conséquent, ces élèves ne peuvent évidemment pas suivre les enseignements en lycée professionnel. Or pourquoi beaucoup d'élèves de lycée professionnel ne maîtrisent-ils pas les fondamentaux ? Parce que rien n'est aujourd'hui prévu au collège pour les remettre à niveau – ni structure ad hoc, ni temps, ni programme. Pourquoi l'insertion professionnelle est-elle parfois difficile pour des élèves pourtant titulaires d'un CAP ou d'un bac professionnel ? Parce que des formations « parking » existent encore, qui ne répondent plus à aucun besoin économique mais dans lesquelles on envoie les laissés pour compte de l'orientation. La coordination des politiques de formation professionnelle est d'ailleurs une compétence régionale, et ne dépend donc pas d...
Merci, tout d'abord, aux collègues du groupe GDR – NUPES, auxquels nous devons, dans le cadre de cette semaine de contrôle, l'inscription à l'ordre du jour de ce débat consacré à la réforme de la voie professionnelle. En effet, alors même que les annonces faites en novembre dernier par le Gouvernement sont passées quasiment inaperçues, sa volonté d'accroître le temps que les élèves de la voie professionnelle passent dans les entreprises, réduisant une nouvelle fois leurs heures de cours, mérite discussion. Il ne s'agit pas seulement là du débat habituel entre ceux qui souhaitent que le travailleur-citoyen bé...
...dre les mots de notre président, ne doit pas aboutir à faire faire à nos enfants le sale boulot dont personne ne veut – qui plus est lors de stages où, contrairement aux contrats d'alternance, l'élève est souvent payé une misère. Emmanuel Macron pense que « l'école, ce n'est pas non plus simplement former des citoyens qui apprendraient des savoirs et des valeurs qui n'ont rien à voir avec la vie professionnelle » : cependant, cette « révolution complète » désirée ne saurait se faire sans d'autres travaux prioritaires. Préparer le terrain, c'est déjà s'atteler aux problèmes d'illettrisme et d'acquis des fondamentaux. Les récentes évaluations au collège le prouvent : il est plus que temps d'accompagner les élèves confrontés à des difficultés en français et en mathématiques. Les élèves de baccalauréat prof...
Les constats que vous posez comme base de réflexion pour votre prochaine réforme sont les mêmes que ceux posés par Jean-Michel Blanquer en 2018 : le taux d'élèves décrocheurs dans les voies professionnelles est trop bien trop important, le taux d'insertion dans l'emploi après ces formations n'est pas satisfaisant et la poursuite d'études n'est pas facilitée pour les élèves diplômés des filières professionnelles. Le groupe Socialistes et apparentés partage vos constats, tant sur l'inefficacité de votre dernière réforme – puisque vous en préparez déjà une autre – que sur les faiblesses de la voie pro...
J'ai dirigé durant dix ans une école universitaire de management – un institut d'administration des entreprises (IAE). La moitié des étudiants se trouvaient en formation continue et une proportion significative d'entre eux avaient été, dix ou vingt ans auparavant, des lycéens de la voie professionnelle. Ils réussissaient plutôt bien : certains se sont même engagés dans un cursus doctoral. Il me semble essentiel d'expliquer aux lycéens professionnels, qui n'en ont pas toujours conscience, que jamais les passerelles n'ont été aussi nombreuses dans notre pays et qu'en validant ses acquis par l'expérience, on peut, à tout âge, valoriser son parcours et obtenir les plus hauts diplômes universitaire...