Publié le 17 octobre 2022 par : M. Isaac-Sibille.
I. – À titre expérimental, pour une durée de trois ans et sur le territoire de trois régions, l’État peut autoriser l’instauration d’un dépistage systématique de l’hypercholestérolémie familiale chez les enfants de deux et de huit ans, prescrit par un médecin généraliste et intégralement pris en charge, ainsi que les soins consécutifs à cet examen, par les régimes obligatoires de l’assurance maladie.
II. – Les conditions de mise en œuvre de l’expérimentation sont définies par voie réglementaire. »
III. – Dans un délai de six mois avant le terme de l’expérimentation, le Gouvernement adresse au Parlement un rapport d’évaluation portant sur l’efficacité de ce dépistage précoce et sur l’opportunité de la généralisation du dispositif. »
IV. – La perte de recettes pour l’État est compensée à due concurrence par la création d’une taxe additionnelle à l’accise sur les tabacs prévue au chapitre IV du titre Ier du livre III du code des impositions sur les biens et services. »
V. – La perte de recettes pour les organismes de sécurité sociale est compensée à due concurrence par la majoration de l’accise sur les tabacs prévue au chapitre IV du titre Ier du livre III du code des impositions sur les biens et services.
Le présent amendement vise à instaurer, à titre expérimental, un dépistage systématique et précoce de l’hypercholestérolémie familiale chez les enfants de deux et de huit ans, intégralement pris en charge par l’Assurance maladie.
L’hypercholestérolémie familiale est une maladie grave, fréquente, sous-diagnostiquée mais pourtant facilement dépistable et traitable de manière efficace. Elle est l’une des maladies génétiques héréditaires les plus fréquentes (10 fois plus que la mucoviscidose par exemple). Elle se caractérise par un taux de LDL-Cholestérol supérieur à la normale, ce qui favorise la progression rapide de l’athérosclérose à l’origine de complications neuro-cardiovasculaires, souvent précoces.
Entre 225 000 à 270 000 Français seraient atteints de cette maladie, dont 30 000 à 50 000 enfants. Cependant, ces chiffres ne sont qu’une estimation car aujourd’hui, moins de 10 % des patients sont dépistés en France.
L’hypercholestérolémie familiale hétérozygote est le facteur de risque de maladie cardiovasculaire génétique et héréditaire le plus fréquent. Or, les maladies cardiovasculaires sont la première cause de décès prématurés en France. Une hypercholestérolémie familiale non détectée et donc non traitée entraîne des crises cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux, et par conséquent des décès prématurés évitables. Une personne sur seize à qui l’on a diagnostiqué une crise cardiaque est atteinte d’hypercholestérolémie familiale. Par ailleurs, un patient sur cinq non traité sera victime d’une crise cardiaque. En France, on estime que l’hypercholestérolémie familiale serait responsable de 6 500 accidents cardiaques aigus par an générant un coût annuel de 78 millions d’euros.
La précocité du diagnostic est un enjeu central de la prise en charge de l’hypercholestérolémie familiale pour la population générale. Une prise en charge adaptée et précoce permet d’allonger considérablement l’espérance de vie de ces patients. Malheureusement, la France, contrairement à d’autres pays européens comme les Pays-Bas ou la Slovénie, n’a pas mis en place un dépistage précoce de cette maladie. Pourtant, la mise en place d’un tel programme permettrait de détecter de manière systématique les enfants porteurs, puis en cascade les parents encore jeunes et les autres membres de la famille. Aujourd’hui, la majeure partie des personnes dépistées le sont après avoir déjà connu un premier accident neuro-cardiovasculaire qui, dépisté à temps, aurait pu être évité. Un dépistage précoce, assorti d’une prise en charge thérapeutique efficace et peu coûteuse permettrait : une réduction de 48 % de la mortalité de cette maladie, une prévention accrue du risque sanitaire encouru par 50.000 enfants environ en France et par leurs parents et des économies significatives pour l’Assurance maladie.
Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cet amendement.