Publié le 6 octobre 2022 par : M. Guy Bricout, M. Castellani, M. Mathiasin, Mme Bassire, Mme Youssouffa.
Le code des douanes est ainsi modifié :
1° Le I de l’article 266 sexies est complété par un 11 ainsi rédigé :
« 11. Les metteurs sur le marché de tout produit composé en tout ou partie de plastique à destination des ménages, y compris visé par les mécanismes de responsabilité élargie du producteur définis aux articles L. 541‑10‑1 à L. 541‑10‑10 du code de l’environnement, à l’exclusion de tout produit destiné à l’alimentation humaine et de tout produit énergétique visé par la taxe intérieure de consommation. La liste de produits en plastique concernés est précisée par décret. »
2° L’article 266 septies est complété par un 11 ainsi rédigé :
« 11. La mise sur le marché du produit générateur de déchets par les personnes mentionnées au 11 du I de l’article 266 sexies. »
3° L’article 266 octies est complété par un 10 ainsi rédigé :
« 10. Le nombre de produits générateurs de déchets remplissant les conditions fixées au 11 du I de l’article 266 sexies devant faire l’objet d’un registre national géré par l’Agence de la transition écologique . »
4° L’article 266 nonies est ainsi modifié :
a) Le tableau du second alinéa du B du 1 est complété par une ligne ainsi rédigée :
« Produits générateurs de déchets selon les conditions fixées au 11 du I de l’article 266 sexies | Unité de vente mise sur le marché | 0,10 |
b) Est ajouté un alinéa ainsi rédigé :
« Le paiement d’une contribution financière au titre d’une responsabilité élargie du producteur sur l’emballage n’exonère pas du paiement de la taxe, mentionnée au I de l’article 266 sexies, les personnes physiques ou morales mentionnées au 11 du 1 du même article. »
La France a produit 39 millions de tonnes de déchets ménagers et assimilés en 2019. Alors que près
de la moitié a pu être orientée vers des installations de recyclage ou de compostage, 32 % ont été
brûlés et 21 % enfouis en décharge.
Cette gestion polluante des déchets est pénalisée en France par la taxe générale sur les activités
polluantes (TGAP). Si cet impôt sanctionne à juste titre l’incinération et le stockage des déchets, dont
les coûts aussi bien environnementaux qu’économiques sont exorbitants, il fait peser la responsabilité
de la production de déchets davantage sur l’aval. Or, les produits destinés in fine à la décharge ou
l’incinération le sont car leur fin de vie n’a pas été correctement anticipée dès l’amont. Plus que la
conséquence d’actes de consommation, le recours aux modes de traitement polluants des déchets tient
aussi et surtout de productions non soutenables qui s’obstinent à mettre sur le marché des objets pas
ou peu réparables, réemployables ou recyclables.
C’est notamment le cas des produits composés de plastique. En effet, la production et l’incinération de
plastiques pourraient générer près de 56 milliards de tonnes de CO2 d’ici à 2050, dont 53,3 milliards
imputables à la seule production.
Le système de responsabilité élargie du producteur (REP) vise à consacrer la responsabilité,
notamment financière, des metteurs en marché de produits inéluctablement voués à devenir déchets.
Force est de constater que le mécanisme montre ses limites, puisque plus de la moitié des déchets
reste privée de nouveaux cycles de vie. Les modulations des éco-contributions versées par les
producteurs font montre d’une intention tout à fait louable mais de résultats foncièrement décevants
dans la pratique. En matière de plastique, l’exemple du PET opaque est éclairant : malgré une écocontribution malussée à 100 % depuis 2018, cet emballage non recyclable et par ailleurs perturbateur
de recyclage est toujours utilisé. C’est tout juste si la R&D (coûteuse et chronophage) pour son
recyclage commence à se concrétiser.
Dans cette perspective, il est fondamental de renforcer l’incitation-prix à développer des productions
plus vertueuses. Pour diminuer la production de déchets plastiques à la source et l’envoi de ces derniers
en décharge ou en incinération, la mise en marché de produits réparables ou réemployables et
recyclables est indispensable.
C’est l’objet du présent amendement, qui propose la création d’une TGAP « amont », applicable dès la
mise en marché de produits composés en tout ou partie de plastique. Envisagée à 0,10 euros par unité,
cette taxe vise à pénaliser la production de biens dont le coût futur de la mise en décharge ou
l’incinération pèseront financièrement sur les contribuables. Elle devrait permettre de créer un signal prix sur l’amont et d’encourager des productions plus soutenables des points de vue aussi bien
environnementaux qu’économiques.
Cet amendement a été travaillé avec l’ONG Zero Waste France
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