Publié le 12 octobre 2023 par : M. Viry, M. Cinieri, M. Cordier, Mme Gruet, Mme Frédérique Meunier, M. Neuder, Mme Périgault, M. Ray, M. Seitlinger.
Après l’article 23, insérer un article ainsi rédigé :
“I. Inscrire dans les LFSS le budget pour financer les actions dédiées à la lutte contre les maltraitances, pour permettre aux associations de les mettre en œuvre afin d’améliorer la vie de la personne accompagnée, soutenir réellement la sensibilisation et la formation et proposer une meilleure qualité de vie et de conditions de travail à tous les salariés et bénévoles.
II. Étudier des scenarii de financements complémentaires pour les prochaines années, pour construire un système avec une répartition des coûts et une prise en charge pérenne et efficace à la hauteur des besoins réels des citoyens sans répercussion financière pour les associations.
III. Pérenniser de façon pluriannuelle les moyens financiers alloués aux actions de prévention et les rendre visibles.
IV. Renforcer la dimension interministérielle lors de la conception, l’élaboration et la mise en application des politiques de santé publique, et rendre systématique la participation des professionnels de terrain, des usagers/patients et de leur entourage.
V. Faire converger les travaux de concertation pour la structuration des politiques publiques en direction des personnes en situation de vulnérabilité pour travailler sur une réflexion de fond (au-delà de la question des publics). Cette concertation croisée devra porter sur le mode de financement ÉtatDépartement et autorités de tarification effectrices de service.
VI. Corréler en partie le financement des établissements aux besoins - besoins de soins, en y intégrant une dimension préventive, besoins d’autonomie, besoins de vie sociale.
VII. Définir un ratio minimal d’encadrement en fonction des ESMS et des besoins des personnes, permettant des accompagnements de qualité et humain et d’individualiser l’accompagnement.
Alors que les budgets des associations baissent régulièrement depuis des années, alors que les besoins des personnes en situation de vulnérabilité se sont densifiés et complexifiés, ce qui a un impact sur les conditions de travail des salariés et des dirigeants du monde associatif, la démarche de contractualisation avec l’État et les collectivités territoriales devrait tenir compte des besoins des acteurs privés à but non lucratif (associations, fondations, mutuelles) gestionnaires d’ESMS (nous constatons l’existence d’objectifs et fiches actions imposés, avec très peu de marges de négociation pour les adapter aux projets spécifiques de chaque association et aux besoins des territoires).
La configuration générale du pilotage des établissements et services est en elle-même devenue problématique : la tendance actuelle semble entériner des situations de sous-financement plutôt qu’octroyer de nouveaux moyens aux associations, comme aux services publics, confrontés à l’augmentation des besoins des personnes, au besoin d’embaucher plus de personnel qualifié, à l’empilement des dispositifs et à la nécessité de mettre en place des actions de transformation de leur organisation. Les objectifs chiffrés, les procédures rigides visant la quantité plus que la qualité d’accompagnement et les contraintes évaluatives définies selon des normes toujours plus pesantes (non assorties des moyens nécessaires) contraignent les acteurs du travail social à respecter le cadre et font perdre de vue le rôle social et humain du travail social et des professionnels.
L’obligation de gérer dans l’urgence, sous contraintes et avec des moyens insuffisants entraîne une maltraitance systémique que subissent les associations des solidarités et de la santé, vues de plus en plus comme sous-traitantes de l’action publique, choisies en fonction du moins disant budgétairement, et non plus dans leur rôle essentiel et central de corps intermédiaire qui, au-delà de la gestion de réponses, permet d’agir dans la société, de travailler sur les représentations collectives et de concevoir d’autres pratiques.
Ainsi, d’importants dysfonctionnements dans la gestion ou l'organisation susceptibles d'affecter la prise en charge des usagers ou le respect de leurs droits - si ces derniers ne sont en aucun cas excusables car ils affectent la prise en charge des personnes, le respect de leurs droits ou leur protection - sont induits et provoqués par les difficultés de recrutement, la baisse des étudiants, l’absentéisme et les départs qui ont accru la charge des salariés restants.
Les publics, plus nombreux, nécessitent une prise en charge souvent plus délicate, conjuguée à cette complexité administrative et RH croissante et à ces financements restreints. En effet, les financeurs, en réduisant les financements de fonctionnement des organisations, réduisent ainsi les temps d’intervention, sans diminuer en proportion les tâches à réaliser. Ce qui génère, par ricochet, des conditions de travail dégradées, une augmentation du mal-être au travail et de fait, avec un temps moindre pour réaliser les bons gestes et utiliser les bonnes postures, une évolution très défavorable du taux de sinistralité (le secteur médico-social occupe la première place en termes d’accidents du travail, d’affections psychiques et de maladies professionnelles comme les troubles musculosquelettiques).
Or, la lutte contre les maltraitances passe en priorité par la qualité de l’accueil et de l’accompagnement des personnes, la qualité des actes, mais aussi la qualité de l’écoute, de l’échange et du relationnel. Ce qui nécessite du temps, plus de professionnels et de sortir d’une logique financière où chaque acte est normé et valorisé financièrement. Il s’agit bien de mettre l’humain au cœur de ces relations. Ainsi, pour les professionnels, qu’ils exercent en établissement, dans des services ou à domicile, le temps de la relation et de l’humain doit être retrouvé, valorisé et rétribué, pour ainsi redonner pleinement du sens à ces professions.
L’accompagnement des personnes vulnérables doit se faire sans barrière financière, pour bénéficier des services nécessaires de professionnels eux-mêmes accompagnés dans leur parcours professionnel, reconnus dans leur utilité sociale et valorisés à l’aune de leur importance sociale capitale et de structures soutenues financièrement par les pouvoirs publics.
Il est aujourd’hui vital de doter les structures sociales, médico-sociales et sanitaires des financements supplémentaires pour pouvoir embaucher suffisamment de personnel, avec des rémunérations à la hauteur de leur utilité sociale, de mettre en place des démarches de prévention des risques professionnels, avec du personnel dédié et des démarches d’amélioration de la qualité de vie et des conditions de travail.
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