Publié le 13 septembre 2023 par : M. Delaporte, M. Aviragnet, M. Califer, M. Guedj.
L’article 1er de la loi n° 2022‑1598 du 21 décembre 2022 portant mesures d’urgence relatives au fonctionnement du marché du travail en vue du plein emploi est abrogé.
Le présent amendement des députés socialistes et apparentés vise à abroger l’article 1er de la réforme de l’assurance chômage de 2022, qui signait un chèque en blanc au Gouvernement pour gérer l’assurance chômage.
Première réforme menée contre l’avis des partenaires sociaux depuis 1971, cette réforme est en effet économiquement absurde, socialement injuste, et financièrement inutile.
Primo, elle est économiquement absurde car le modèle du « demandeur d’emploi optimisateur » ne se retrouve dans aucune réalité concrète.
Souvent, le demandeur d’emploi méconnait son droit à une indemnité et son mode de calcul, conduisant ainsi à un non-recours élevé.
Ainsi, seuls 40 % des demandeurs d’emploi perçoivent une allocation-chômage.
Secundo, elle est socialement injuste à l’image de la précédente réforme menée en 2019.
Cette dernière a en effet drastiquement réduit les droits à l’assurance chômage pour les salariés : 1,15 million de personnes sont les perdants de cette réforme, en voyant leur allocation chômage baisser d’en moyenne 155 euros par mois, dont 350 000 jeunes de moins de 25 ans, des travailleurs en situation précaire, etc.
Elle a touché les territoires les plus défavorisés de notre pays :
- 30 800 personnes à la Réunion dont 9 200 jeunes de moins de 25 ans,
- 33 300 personnes en Seine-Saint-Denis dont 8 100 jeunes de moins de 25 ans,
- 50 400 personnes dans le Nord dont 17 300 jeunes de moins de 25 ans
Tertio, elle est budgétairement inutile.
Si la Cour des comptes constate bien un déficit structurel en moyenne de plus de 3 milliards d’euros par an sur la période allant de 2011 à 2019, elle constate aussi que la contribution du régime de l’assurance chômage au financement de Pôle Emploi a augmenté de 52 % entre 2009 et 2020, atteignant ainsi 4,1 milliards d’euros en 2020, alors que celle de l’État a augmenté jusqu’en 2017 (jusqu’à 1,5 milliard d’euros) mais a baissé ensuite pour atteindre 1,2 milliard d’euros en 2020.
Autrement dit, le régime de l’assurance chômage serait en excédent si l’État ne lui imposait pas une partie de la charge du fonctionnement de Pôle emploi, qui est bien un service public universel, et donc à financer par l’impôt et non par ce qu’il reste des cotisations d’assurance chômage (la part patronale).
Pour toutes ces raisons, le groupe « Socialistes et apparentés » propose d’abroger l’article 1er de la réforme de l’assurance chômage de 2022, qui signait un chèque en blanc au Gouvernement pour gérer l’assurance chômage.
Tel est l’objet du présent amendement.
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