Intervention de Jean-Michel Blanquer

Séance en hémicycle du mercredi 28 octobre 2020 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Enseignement scolaire

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports :

Ce débat intervient dans un moment douloureux pour notre école, mais aussi pour tout notre pays, et même au-delà de nos frontières. Comme vous tous, je veux exprimer une nouvelle fois mon soutien et ma reconnaissance à l'ensemble de la communauté éducative et évoquer la mémoire de Samuel Paty, mort pour les valeurs que vous avez tous rappelées. Dans ces moments de consensus national autour des valeurs de la République, il est très important de dire, comme vous l'avez tous fait, que l'école de la République est notre trésor précieux. Samuel Paty n'est pas mort à l'occasion d'un fait divers, mais en hussard d'une école qui porte haut les valeurs des Lumières. Il est tombé dans une guerre entre les forces universalistes, qu'il incarnait, et les forces de fragmentation, qui cherchent à diviser et vont à l'encontre des Lumières. Cet esprit d'unité et de combat pour ce qui fait la France et la République, nous devons le garder à l'esprit afin qu'il ne s'estompe pas avec les jours qui passent. Lundi prochain, à travers l'hommage que nous rendrons au professeur Samuel Paty, c'est tous nos professeurs – passés, présents et à venir – que nous honorerons dans les écoles, les collèges et les lycées, en votre présence, mesdames et messieurs les députés.

La tâche de nos professeurs est rude, particulièrement dans certains territoires. La création d'un secrétariat d'État chargé de l'éducation prioritaire témoigne de la conscience aiguë de ces enjeux au sein du Gouvernement. Je suis heureux d'être accompagné dans ma tâche par Mme Nathalie Elimas, malheureusement absente de cet hémicycle car atteinte du covid-19.

Vous examinerez également aujourd'hui les crédits de la mission « Sport, jeunesse et vie associative », avec Mme Roxana Maracineanu et Mme Sarah El Haïry. Notre grand ministère répond à un même objectif : celui de faire grandir nos enfants en leur transmettant les savoirs et les valeurs de notre République, que ce soit à l'école ou en dehors d'elle.

Il est important de souligner que nous sommes au coeur de deux crises très significatives, qu'il ne faut pas sous-estimer : la crise de sécurité, dont témoigne le décès de M. Samuel Paty, et la crise sanitaire. C'est dans des moments comme celui-là que nous pouvons prouver que nous sommes un grand pays qui sait faire preuve de résilience, mais aussi s'unir autour des choses essentielles. Dans les propos qui ont été tenus à cette tribune, j'ai entendu un même amour de l'école de la République, une même volonté d'en voir progresser le budget ; c'est sur ce socle que nous devons bâtir, même si, bien sûr, il est normal de tenir un débat démocratique sur l'usage de nos moyens.

Le budget de l'enseignement scolaire est le premier budget de la nation. La priorité que le Président de la République et le Gouvernement accordent à l'éducation est non seulement intacte, mais surtout renforcée. Nous vous présentons donc un budget de consolidation et d'approfondissement des réformes, cohérent avec les budgets précédents et marqué par plusieurs dynamiques.

La dynamique en faveur de l'école primaire est une constante de ce quinquennat. Nous nous attachons à rattraper ce qui doit l'être car, vous le savez tous, l'investissement dans l'école primaire est insuffisant dans notre pays depuis plusieurs années. Grâce à la création de postes et à d'autres augmentations budgétaires, nous nous efforçons d'accomplir la priorité absolue qui a été rappelée ici : donner à tout enfant le socle fondamental que représente la maîtrise des bases – lire, écrire, compter, respecter autrui. Avec le dédoublement des classes de CP et CE1 en REP et REP+ – pointe avancée d'une politique qui se poursuit en faveur des grandes sections en REP et REP+, mais aussi en faveur de toute l'école primaire grâce à la limitation des effectifs, particulièrement en grande section, CP et CE1 dans toute la France – , nous affichons une conviction simple : la première chance que l'on donne à une personne, dans les premières années de sa vie, c'est l'école.

La nouvelle dynamique concerne également les ressources humaines : c'est le sens du Grenelle de l'éducation, dont le budget que je vous présente constitue une première étape en matière de revalorisation des salaires. Ce processus marque un véritable tournant pour l'éducation nationale, le passage à une deuxième partie de ce quinquennat. Les réformes pédagogiques et éducatives ainsi que certaines évolutions de pouvoir d'achat décidées dans le cadre du Grenelle de l'éducation représentent déjà une amorce importante, mais ce budget traduit également la volonté de refonder les ressources humaines de l'éducation nationale, non seulement en revalorisant significativement les professeurs – un objectif que manifestement nous partageons – , mais aussi en posant la première pierre d'une modernisation. Sur bien des sujets – l'éducation prioritaire, la direction d'école et d'autres enjeux qui ont été évoqués ici – , le Grenelle de l'éducation, comme celui de la santé, va assurément contribuer à cet objectif, a fortiori si nous sommes nombreux à le soutenir.

Le budget de la mission « Enseignement scolaire », hors cotisations aux pensions de l'État, s'établit à 53,6 milliards d'euros, en augmentation de plus de 3 %. Ces 1,6 milliard d'euros supplémentaires représentent une augmentation considérable, deux fois supérieure à la trajectoire budgétaire qui avait été initialement définie l'année dernière pour l'exercice 2021. Par ailleurs, pour la deuxième année consécutive, nous sanctuarisons les emplois. Cela signifie que de septembre 2017 à septembre 2021, l'augmentation aura été de 6,8 milliards d'euros – à comparer, je l'ai dit en commission, à l'augmentation de 2,3 milliards d'euros entre septembre 2012 et septembre 2016. Ces chiffres illustrent clairement la priorité donnée à l'éducation au cours du présent quinquennat. J'étais un peu surpris, madame Tolmont, de vous entendre comparer des chiffres incluant les cotisations aux pensions de l'État, pour le précédent quinquennat, avec des chiffres hors cotisations, pour le quinquennat en cours. Tout à l'heure, on a évoqué Gorgias : permettez-moi de vous dire que vous avez fait très fort, et que vous avez construit un beau sophisme !

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