Intervention de Sylvie Tolmont

Séance en hémicycle du mercredi 28 octobre 2020 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Enseignement scolaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSylvie Tolmont :

Mais si, monsieur le ministre, c'est sûr !

Aussi, vous l'aurez compris, ce budget est marqué d'un volontarisme de façade qui traduit, en vérité, plutôt une forme d'immobilisme qui ne répond pas aux défis et à l'urgence que l'éducation nationale doit surmonter dans ce contexte.

Tout d'abord, nous nous opposons à la poursuite du déséquilibre de traitement que vous opérez entre le premier degré et le second degré. Notons que la création de 2 000 postes dans le premier degré est entièrement gagée par la poursuite des priorités annoncées par le Gouvernement telles que le dédoublement des classes, le plafonnement à vingt-quatre élèves ainsi que la promesse de ne fermer aucune école rurale. Dès lors, les marges de manoeuvre sur les autres classes sont quasi inexistantes. La disparition du dispositif « plus de maîtres que de classes », pourtant plébiscité par les enseignants, accentuera ce manque de moyens humains et obérera la possibilité de travail en petits groupes, pourtant si fructueuse. De même, les remplacements d'enseignants seront dans ces conditions rendus impossibles alors que le contexte sanitaire devrait vous forcer à envisager cette problématique.

Vos priorités pour le premier degré se font donc au détriment du second degré, à nouveau grand perdant de ce budget. La suppression de 1 800 emplois doit être corrélée à l'accueil de 28 000 élèves supplémentaires, la création de 3 000 équivalents temps plein en heures supplémentaires n'étant évidemment pas de nature à compenser ces suppressions, tant les conditions de travail des enseignants sont d'ores et déjà dégradées et leurs charges de travail intenses.

Le deuxième point qui nous préoccupe est le décalage entre vos déclarations et la réalité vécue par les lycées professionnels et agricoles. Nous défendrons un certain nombre d'amendements concernant leur situation tout à fait critique, s'agissant particulièrement de l'enseignement agricole, dont le budget stagne et qui doit, de plus, subir la suppression de quatre-vingts postes par rapport à la loi de finances initiale pour 2020.

Le troisième point, c'est la question centrale de la revalorisation salariale des professeurs, encore une fois minimisée. Alors que 814 millions d'euros avaient été budgétés en 2016, seuls 400 millions sont retenus dans ce projet de loi de finances, ce qui équivaut à 37 euros par mois et par personnel. Cette concession bien trop faible ne compensera pas le déclassement salarial des enseignants, en déficit de 22 % au bout de quinze ans de carrière par rapport à leurs homologues européens. L'annonce récente, purement médiatique, d'un Grenelle de l'éducation plutôt que d'une loi de programmation pluriannuelle est presque une insulte pour les personnels au bout de quatre ans de quinquennat.

Enfin, nous regrettons le manque cruel de moyens consacrés au suivi de l'élève et au renforcement des fonctions support, pourtant essentielles pour lutter efficacement contre les inégalités scolaires. Je veux parler ici des RASED, des personnels de santé – médecins comme infirmières – , des conseillers principaux d'éducation, des psychologues, des assistants d'éducation, mais aussi des moyens consacrés aux fonds sociaux. Quant à l'école inclusive, elle est malheureusement caractérisée par une approche quantitative plus que qualitative, au détriment des AESH et des enseignants référents, qui croulent sous les tâches administratives et doivent ainsi délaisser leur rôle premier qu'est l'accompagnement.

Plusieurs de nos amendements concernant les PIAL, la réforme du lycée professionnel ou l'ouverture des places de professeurs d'éducation physique et sportive – EPS – au concours du certificat d'aptitude au professorat d'éducation physique et sportive – CAPEPS – 2021 ont été déclarés irrecevables. Nous le regrettons.

Je conclurai mes propos en vous interrogeant, monsieur le ministre, sur les perspectives de la rentrée de lundi prochain au regard du contexte sanitaire. Les études internationales semblent de plus en plus nombreuses à identifier les écoles dans les chaînes de contamination. Sans préjuger des décisions prises à l'issue du conseil de défense, pouvez-vous nous indiquer quels sont les moyens envisagés en vue de combler les disparités constatées pendant le premier confinement et d'assurer la permanence des cours en cas de reconfinement ?

En tout état de cause, pour les raisons que j'ai exposées et parce que nous sommes inquiets, les membres du groupe Socialistes et apparentés voteront contre les crédits de cette mission.

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