Intervention de François Ruffin

Séance en hémicycle du samedi 24 octobre 2020 à 15h00
Prorogation de l'état d'urgence sanitaire — Après l'article 4

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Ruffin :

Non, madame la présidente, il porte sur un autre sujet.

Ce printemps, au coeur de la crise, on a souffert d'une pénurie d'hypnotiques et de sédatifs telle que les médecins des hôpitaux ont dû rationner les doses. Très concrètement, cela veut dire que des patients sont morts dans la douleur.

La secrétaire d'État à l'industrie, Agnès Pannier-Runacher, à qui je demandais s'il était prévu qu'on rapatrie des filières de production ou qu'on en lance de nouvelles en France, m'a répondu : « On peut faire confiance à Sanofi. » Pour ma part, je fais confiance à Sanofi pour faire du profit, non pour mettre ses usines au service des besoins essentiels immédiats de la population s'ils ne sont pas les plus rentables.

Les pénuries de médicaments sont devenues chroniques. Les ruptures de stocks ont été multipliées par cinq en sept ans, et il est évident que cela est lié à la délocalisation de la production. J'ai entendu à la radio un lobbyiste de Big Pharma reconnaître que 60 à 80 % des matières premières sont aujourd'hui d'origine extra-européenne ; il y a trente ans c'était l'inverse. Cela est dû notamment à des politiques environnementales qui poussent ces sociétés à délocaliser leur production dans des pays où les normes environnementales sont moins exigeantes. Il est clair, disait le même lobbyiste, que les coûts de production de ces principes actifs sont nettement moins élevés dans certains autres pays.

Nous demandons que cette production soit rapatriée afin qu'on puisse voir ce qui se passe. Au-delà d'un rapport, il faudrait rendre compte toutes les semaines, devant l'Assemblée nationale et devant les Français, de l'état des stocks et des lieux de production.

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