Intervention de Philippe Dunoyer

Séance en hémicycle du lundi 13 novembre 2017 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022 - projet de loi de finances pour 2018 — Enseignement scolaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Dunoyer :

Le groupe Les Constructifs soutient une politique ambitieuse et volontariste en faveur de l'éducation. Nous sommes partisans d'une école ouverte, égalitaire et inclusive, dont l'objectif doit être de préparer l'ensemble de nos enfants à l'entrée dans l'enseignement supérieur et la vie adulte. Nous croyons à la dimension émancipatrice de l'école – premier lieu d'apprentissage de la différence, du vivre ensemble et des valeurs de la République. Elle joue un rôle clé dans la formation des citoyens de demain, ouverts sur le monde et respectueux d'autrui.

L'école que nous appelons de nos voeux est également celle du mérite. Depuis trop longtemps, nous avons renoncé à cette dimension, pourtant essentielle, du pacte républicain. Nous reculons depuis quinze ans dans le classement des inégalités à l'école et comptons parmi les pays de l'OCDE dans lesquels la corrélation entre performances scolaires et milieu socio-économique est la plus forte. Nous avons ainsi laissé s'installer une école à deux vitesses, dans laquelle l'assiduité et le travail ne permettaient pas de compenser les inégalités sociales et territoriales. Partant, nous avons fragilisé la promesse originelle de l'école républicaine et ses possibilités d'ascension sociale.

Nous nous réjouissons donc de voir le nouveau gouvernement s'engager en faveur d'une école de la confiance et de la réussite, et donner la priorité, dans le premier degré, à l'acquisition des savoirs fondamentaux – lire, écrire et compter – , tout en rappelant que l'objectif cardinal demeure celui de conduire 100 % de nos enfants à la réussite dans le premier degré. Nous saluons cette approche pragmatique, alors que 20 % en moyenne des élèves d'une classe d'âge sortent aujourd'hui du primaire sans maîtriser ces fondamentaux, ce qui compromet évidemment gravement leur réussite scolaire et leur insertion professionnelle future. C'est donc à juste titre, tant les enjeux qu'elle recouvre sont essentiels, que la mission « Enseignement scolaire » constitue la plus importante mission de l'État, avec près de 51 milliards d'euros engagés dans le projet de loi de finances pour 2018.

Nous ne pouvons que nous féliciter de la hausse des crédits de la mission, de près de 1,3 milliard d'euros en 2018 et de 2,6 milliards d'euros à l'horizon 2020. À titre personnel, je tiens à vous remercier de votre vigilance quant à la préservation des crédits dédiés à la compensation financière due à la Nouvelle-Calédonie après le transfert récent de la compétence en cette matière ; comme vous le savez, monsieur le ministre, plus de 420 millions d'euros sont nécessaires pour répondre aux besoins de ce territoire du bout du monde. La politique de renforcement de la formation des enseignants et la lutte contre toutes les formes d'inégalités scolaires, particulièrement celles concernant les élèves en situation de handicap, constituent également des signaux positifs, dont nous nous réjouissons. Nous avons été sensibles à vos propos en commission sur la situation des accompagnants de vie scolaire, le renforcement notable de leurs effectifs et leur professionnalisation. Nous approuvons le lancement d'une action interministérielle afin de sécuriser et de pérenniser le statut de ces accompagnants. Nous y serons attentifs.

Mon interrogation concerne la refonte du lycée et la réforme du baccalauréat que vous avez annoncée. Une mission a ainsi été confiée à Pierre Mathiot, l'ancien directeur de l'IEP de Lille, qui a entamé aujourd'hui une série d'auditions de l'ensemble des parties prenantes. L'objectif de cette réforme est de créer un baccalauréat « moins épais, plus concentré » en renforçant le contrôle continu au sein des établissements scolaires et en diminuant le nombre d'épreuves donnant lieu à un examen national commun. Pouvez-vous nous en dire davantage sur les objectifs de cette réforme et particulièrement sur la nouvelle mouture du baccalauréat ?

Nous sommes en accord avec l'esprit de cette réforme et particulièrement avec la volonté de revaloriser cet examen, qui doit retrouver toute sa pertinence. Pour autant, même si le Gouvernement affiche un volontarisme renforcé dans la construction d'un parcours d'orientation plus riche et adapté, nous craignons que cette réforme ne conduise à un renforcement des inégalités entre établissements scolaires. Pourriez-vous, monsieur le ministre, nous rassurer sur ce point ? Au-delà de cette interrogation, le groupe Les Constructifs votera en faveur des crédits de cette mission.

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