Intervention de Edouard Philippe

Séance en hémicycle du mardi 5 mai 2020 à 15h00
Questions au gouvernement — Lutte contre les inégalités sociales

Edouard Philippe, Premier ministre :

Vous avez raison, le confinement et l'interruption quasi complète de l'activité économique conduisent directement à une crise sociale qui ne sera pas moins préoccupante que la crise économique ou que la crise pédagogique, le cas échéant, que nous allons devoir affronter lorsque nous sortirons progressivement de la crise sanitaire.

Avant d'essayer de répondre à quelques-unes des questions que vous avez posées, je me permets de vous faire une observation. Même si je n'attends pas de satisfecit de votre part concernant les mesures mises en oeuvre, je pense que nous aurions pu collectivement remarquer qu'elles ont été infiniment plus efficaces et généreuses que celles qui ont été adoptées au Royaume-Uni, en Espagne, en Italie, en Allemagne, aux États-Unis – bien sûr – ou partout ailleurs.

C'est spécifique à la France. Nous avons mis en place un cadre social assez unique et exceptionnel comprenant des mesures très différentes qui s'adressent aux publics les plus fragiles : salariés confrontés à une rupture d'activité ; non-salariés qui ont bénéficié de mécanismes permettant la préservation des droits ; allocataires de minima sociaux ou de prestations sociales.

En réponse au président Jacob, je me suis déjà exprimé sur les comparaisons internationales. En France, en dépit des difficultés considérables et des critiques formulées à l'encontre de La Poste, les versements des allocations sociales ont été réalisés en début de mois. En Italie, le gouvernement a été confronté à une situation terrible et à des critiques féroces parce qu'il n'avait pas été en mesure de le faire dans les temps – ce n'est pas moi qui vais lui jeter la première pierre.

Commençons par reconnaître que notre pays a su répondre à l'urgence sociale. Certains diront que c'est grâce aux décisions du Gouvernement, mais je n'en attends pas tant. Ce n'est peut-être pas parfait, mais probablement aucun pays n'en a fait autant. Nous devrions en être fiers, le défendre et l'expliquer. Vous êtes parfaitement dans votre rôle lorsque vous dites que certaines choses peuvent être améliorées, mais il ne faudrait pas pointer uniquement les manques. Je ne cherche pas à polémiquer, pas plus que vous, mais il me semblait essentiel de faire cette remarque.

J'en viens à vos propositions. En ce qui concerne le chômage partiel, nous allons prolonger le régime actuel – le plus généreux d'Europe – jusqu'à la fin du mois de mai. C'est décidé, nous n'y revenons pas. La semaine dernière, j'ai indiqué à cette tribune qu'il faudrait faire évoluer ce dispositif après le 1er juin, en fonction des évolutions de l'épidémie.

Chacun a bien conscience, je pense, que nous n'allons pas pouvoir maintenir dans la durée un système aussi généreux pour les entreprises et pour les salariés. Notre objectif est de l'adapter progressivement, afin qu'il accompagne la reprise de l'activité au fur et à mesure qu'elle se produira. Après en avoir discuté avec les organisations syndicales et patronales, nous présenterons ces mesures d'adaptation au Parlement.

Tout en restant prudent, j'espère, comme vous tous, que nous aurons passé le plus dur de la crise sanitaire à la fin du mois de mai et que nous pourrons adapter progressivement ce dispositif.

Concernant l'assurance chômage, nous avons déjà indiqué que nous reportions des mesures qui auraient dû entrer en vigueur après le début de la crise sanitaire, mais que nous n'entendions pas revenir sur les mesures décidées et appliquées auparavant.

Sur ce point aussi, les partenaires sociaux, qui seront confrontés aux difficultés de financement de tous les dispositifs sociaux, et notamment de l'assurance chômage, discuteront ensemble et avec nous des adaptations qu'il convient d'apporter. Mais gardons tous à l'esprit que la reprise de l'activité doit s'accompagner de dispositifs permettant au plus grand nombre de repartir, en bénéficiant certes du filet de solidarité absolument essentiel qu'offre notre pays et que personne ne songe à remettre en cause, mais en favorisant dans toute la mesure du possible la reprise de l'activité. J'ai déjà évoqué les principes que nous avions fixés en ce sens.

Vous proposez, monsieur le député, le retour, le développement des emplois jeunes. C'est une proposition qu'il faut entendre et qu'il faut traiter.

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