Intervention de Edouard Philippe

Séance en hémicycle du mercredi 29 avril 2020 à 11h00
Questions au gouvernement — Stratégie de sortie du confinement

Edouard Philippe, Premier ministre :

Monsieur le président Abad, si je ne suis pas sûr de pouvoir répondre à toutes vos questions, je souhaite revenir sur la dernière, concernant les tests.

Je l'ai indiqué hier, et il est important de bien le comprendre, notre stratégie nationale de tests, qui prévoit effectivement 700 000 tests par semaine, doit nous permettre de tester de façon systématique toute personne présentant des symptômes. Si le résultat du test est positif, exactement comme vient de l'indiquer le ministre des solidarités et de la santé, nous remonterons la chaîne de ceux qui sont entrés en contact rapproché avec le malade, pour les tester, qu'ils soient symptomatiques ou non. Nous testerons donc, en vérité, de nombreuses personnes asymptomatiques.

Pour chaque cas nouveau, nous considérons qu'il faudra tester vingt ou vingt-cinq personnes, voire, pour se donner une marge de sécurité, jusqu'à trente personnes en moyenne. Si l'on multiplie la moyenne de 3 000 nouveaux cas positifs quotidiens par vingt-cinq puis par sept, cela donne 525 000 tests hebdomadaires – vous pourrez vérifier mon calcul. Cela laisse une marge pour une politique de tests spécifique à destination des publics les plus fragiles, notamment dans les EHPAD, qui sera mise en oeuvre dans le cadre d'une doctrine nationale.

Votre question m'offre la possibilité de m'expliquer : choisir, pour rassurer ou pour rechercher un effet d'affichage, de sortir de la doctrine de tests et de tester systématiquement, par exemple, chacun des 1 000 salariés d'une entreprise au sortir du confinement, n'aurait vraiment aucun intérêt du point de vue sanitaire. Ce genre de choix, en multipliant les tests à l'infini, rendrait impossible de suivre la politique nationale de tests, laquelle a une logique : elle seule permet de casser les chaînes de transmissions.

Nous possédons les capacités nécessaires pour réaliser les tests prévus dans le cadre de la stratégie nationale – même un peu plus, heureusement, pour mener des politiques spécifiques pour certains publics. Mais j'insiste : si nous sortons de cette doctrine et laissons chacun faire ce qu'il veut, cela ne marchera pas, tout le monde peut le comprendre. Nous devons, ensemble, de manière assez disciplinée, suivre la doctrine nationale, présentée clairement, qui sera mise en oeuvre par des brigades et un ensemble d'acteurs, notamment l'assurance maladie et les ARS – les agences régionales de santé. Les communes et les départements s'associeront peut-être, s'ils le souhaitent – nous ne forcerons personne – , à ces brigades, dont l'objectif sera de remonter les chaînes de transmission pour les casser ; c'est ainsi qu'on maîtrise une épidémie.

Vous m'avez également interrogé sur la logique de différenciation, à laquelle vous vous êtes dit favorable, ce dont je me réjouis, et que nous appliquons. Dans ce cadre, avez-vous précisé, vous auriez souhaité que l'ouverture des restaurants et des cafés soit appréciée département par département, peut-être par le préfet ou le maire. Or nous avons décidé que la réouverture des cafés et restaurants sur l'ensemble du territoire national serait décidée le 31 mai, avant une possible entrée en vigueur le 2 juin. Nous renvoyons donc la question à la prochaine étape, parce que nous voulons vérifier que les mesures appliquées au début du déconfinement, à partir du 11 mai, permettront de bien maîtriser la circulation du virus. C'est une approche prudente.

Vous avez, hier, dans une intervention tout à fait remarquable, rappelé que « gouverner, c'est décider » – avant d'ailleurs que la majorité de votre groupe ne préfère s'abstenir…

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