Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du samedi 21 mars 2020 à 21h30
Urgence face à l'épidémie de covid-19 — Explications de vote (projet de loi)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Le moment historique que nous vivons met fin à l'illusion que tout pourrait continuer comme avant. Le coronavirus ébranle l'humanité. Il enterre un monde où l'intérêt de l'argent prévaut sur l'intérêt général humain. Il marque la fin d'une politique de court terme qui, pour toujours plus gaver les riches, maltraite les humains et les écosystèmes sans aucune considération pour notre avenir commun.

L'heure est aux mesures d'urgence pour faire face à la pandémie. Nous devons être collectivement à la hauteur de cette tâche immense. L'avenir que nous devons inventer ne commencera pas après la crise sanitaire : il commence maintenant. Dès maintenant, alors que le pays subit un choc profond, il nous faut substituer au monde du chacun pour soi une politique d'entraide et de solidarité.

Monsieur le ministre, le groupe La France insoumise ne peut pas voter ce texte. Ce n'est pas avec moins de démocratie que nous ferons face à l'épidémie. Au contraire, nous avons besoin de démocratie sociale et d'une auto-organisation des travailleuses et des travailleurs de ce pays. Nous avons besoin que le Parlement ne laisse pas le Gouvernement décider seul. Nous avons besoin de réorienter l'ensemble de l'appareil productif français vers la confection de masques, de gel hydroalcoolique et de tests dont nous manquons cruellement.

Il ne saurait être question de laisser faire le marché, alors que nous savons à quel désastre a mené cette politique, ni, contrairement à ce que vous préconisez, de laisser les employeurs décider seuls quelles activités doivent être maintenues. La décision doit être prise de manière collective avec celles et ceux qui savent, c'est-à-dire les travailleurs et travailleuses du pays.

Nous avons besoin de protéger les plus fragiles, qui seront les plus durement touchés par la crise. Le maintien à 100 % du salaire de celles et ceux qui sont au chômage partiel, la suppression du forfait journalier hospitalier, la gratuité des quantités d'électricité, d'eau et de gaz nécessaires à la vie et au bien-être, la baisse des loyers, la protection de tous les travailleurs par la distribution de masques et de gel hydroalcoolique, la création d'un fonds interentreprises pour aider les PME et les TPE, l'allocation immédiate de 10 milliards d'euros supplémentaires à l'hôpital : toutes ces propositions, et beaucoup d'autres, nous les avons faites. Elles ont été refusées.

Nous ne sommes pas d'accord pour que l'on attaque le droit du travail en contraignant les salariés à prendre des congés ou des RTT quand ils sont confinés, ou en détruisant les trente-cinq heures et le repos dominical, alors que le rétablissement, même temporaire, de l'impôt de solidarité sur la fortune nous a été refusé.

Pour que l'effort soit consenti, chacun doit participer à hauteur de ses moyens, aujourd'hui plus que jamais. Or, dans le projet de loi, le compte n'y est pas. Au peuple français, je voudrais dire ces vers du très grand poète Nazim Hikmet, emprisonné pendant quinze ans : « Être captif, là n'est pas la question. Il s'agit de ne pas se rendre, voilà ! »

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