Intervention de Fabien Roussel

Séance en hémicycle du lundi 17 février 2020 à 16h00
Système universel de retraite — Motion référendaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFabien Roussel :

Il n'y a pas urgence. Le temps de la démocratie, pour ce sujet majeur, ne peut pas être celui de la procédure accélérée. En refusant d'écouter le mouvement social, en refusant de donner au Parlement le temps du débat, vous prenez le risque d'aggraver la fracture profonde avec nos concitoyens, les syndicats et les partenaires sociaux, de creuser encore le fossé qui sépare les députés et les Français, et d'abîmer encore la démocratie. Le moment est venu de mettre fin à l'incompréhension et à la colère de nos concitoyens – et de la meilleure façon qui soit en démocratie : en redonnant la parole au peuple. Seul le référendum permettra de sortir de cette situation par le haut.

Peut-on imaginer qu'une réforme aussi importante se fasse sans le peuple, ou malgré lui, voire, plus grave encore, contre lui ? Nous n'avons le droit ni de jouer avec sa colère ni d'alourdir son découragement.

Le Président de la République et le Premier ministre ont certes les moyens de sortir de cette crise, notamment en retirant le texte, mais ils ne sont pas les seuls à pouvoir aider notre vie démocratique à surmonter l'épreuve qu'elle rencontre aujourd'hui. Nous autres parlementaires disposons tous ensemble d'un levier très efficace pour donner au peuple la possibilité de surmonter sa défiance à l'égard de ses représentants. Ce levier, c'est la motion référendaire prévue à l'article 122 du règlement de notre assemblée.

Cette procédure nous permet de proposer au Président de la République de soumettre la réforme des retraites au référendum. Chacun d'entre nous ici a la faculté d'en faire usage. Chacun d'entre nous ici a l'immense pouvoir, grâce à cette motion, de faire qu'on sollicite l'avis de ses concitoyens. Chacun d'entre nous ici possède, en son âme et conscience, la responsabilité de revenir au fondement de notre démocratie, qui est d'entendre le peuple lui-même.

Loin de s'opposer au suffrage universel, la motion référendaire renforce la démocratie, car elle offre une sortie de crise digne et solennelle. Elle permettra par exemple d'ouvrir de vraies négociations pour améliorer le système actuel. Nous vous appelons d'ailleurs à la voter au nom de la fidélité supérieure que nous devons au peuple et qui, en chacun d'entre nous, doit l'emporter sur tout autre attachement, si légitime soit-il.

Nous ne vous demandons pas de contredire en quoi que ce soit la légitimité du Président de la République ou du Gouvernement, ni leur droit à mener la politique sur laquelle ils se sont engagés. La motion référendaire constitue au contraire le recours, en cas de difficulté grave, qui permet de vérifier si l'on suit la bonne route ou s'il est nécessaire d'en changer. Oui, le référendum est une solution de sagesse, réservée aux crises graves comme celle que nous vivons depuis de longs mois et dont l'issue ne peut plus être raisonnablement trouvée en dehors de nos concitoyens.

Nous sommes, nous autres communistes, de ceux qui disent qu'on ne gouverne pas un pays par référendum.

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