Intervention de François Pupponi

Séance en hémicycle du mardi 3 décembre 2019 à 15h00
Lutte contre l'antisémitisme — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Pupponi :

En réalité, dans cette résolution, il est question de la France, de la République et de l'idée que l'on s'en fait. C'est pour ces raisons politiques que je voterai, avec une majorité de mon groupe Libertés et territoires, en faveur de cette motion.

J'aimerais cependant ajouter une raison plus personnelle, qui m'anime intimement : je dédie mon vote à Eva Sandler et à Yaël Cohen. Eva Sandler est une femme remarquable et admirable, qui a perdu deux enfants, sa nièce et son mari dans l'attentat islamiste de l'école Ozar Hatorah, à Toulouse. Yaël Cohen est une femme tout aussi remarquable et admirable, qui habitait Sarcelles et dont le fils a été la première victime de l'attentat islamiste de l'Hyper Cacher de la Porte de Vincennes. C'est moi qui, en tant que maire, ai eu la charge de lui confirmer cette terrible nouvelle.

Ces deux femmes, qui sont devenues des amies, ont quitté la France parce qu'elles considéraient que leur pays, notre pays, n'avait pas été capable de protéger un mari et des enfants qui voulaient, tout simplement, vivre leur judaïsme.

Leur départ pour ces motifs doit être pour nous un électrochoc. Oui, des Français de confession juive quittent la France, leur pays, qu'ils aiment, parce qu'ils ne s'y sentent plus en sécurité en tant que juifs.

Quelques jours après l'effroyable tuerie de Toulouse, Eva Sandler était venue s'installer à Sarcelles, la ville dont j'ai été maire pendant vingt ans, avec sa fille, la petite dernière, seule survivante de ses enfants. Pendant ces années sarcelloises, j'ai noué avec elle une amitié forte et sincère. Et puis, le 20 juillet 2014, sous les fenêtres de l'appartement où elle vivait, une manifestation propalestinienne a dégénéré en une horde antisémite où se mêlaient alors les cris de « Mort aux juifs ! » et de « Mort à Israël ! », qui n'étaient pour les manifestants qu'un seul et même mot d'ordre. C'est à la suite de ces émeutes qu'elle m'a annoncé sa décision de partir pour Israël, car elle ne pouvait plus rester dans un pays où elle ne sentait pas en sécurité du fait de sa religion.

Je voterai donc cette proposition de résolution car, lors de notre prochaine rencontre, je veux pouvoir regarder Eva Sandler droit dans les yeux et lui dire que la France ne se résigne pas, qu'elle se bat, qu'elle lutte pour qu'il n'y ait plus jamais de drame comme celui qu'elle a vécu.

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