Intervention de Laurent Fabre

Réunion du jeudi 7 mars 2019 à 9h00
Mission d'information relative aux freins à la transition énergétique

Laurent Fabre, délégué institutions publiques France de PSA :

Nous sommes, bien sûr, un constructeur d'automobiles mais nous sommes aussi un opérateur de mobilités. Notre travail de tous les jours, c'est de garantir la liberté de mouvement des Françaises et des Français à un prix absorbable par le marché.

Nous sommes profondément inscrits dans la mobilité durable. Depuis douze ans, nous sommes dans le « top 3 » des constructeurs européens en termes d'émission de CO2, sur un marché particulièrement réglementé et complexe. Nos ingénieurs expriment tout leur potentiel pour mettre sur le marché les solutions techniquement les plus optimisées et, je le répète, absorbables par le marché.

Concernant la transition énergétique, notre stratégie est simple, elle est basée sur les usages. Nous développons une stratégie complémentaire. À l'horizon 2030, les études du Bureau d'informations et de prévisions économiques (BIPE) prévoient 30 % de mix énergétique pour les véhicules propres, dont environ deux tiers pour les véhicules électriques et 10 % pour les véhicules hybrides à essence rechargeables. Nous croyons que le moteur thermique a encore un rôle à jouer. Nous continuons à optimiser les moteurs thermiques à essence. Cette stratégie complémentaire vise à mettre sur le marché, à partir du mois de septembre, des modèles hybrides à essence rechargeables puis électriques. Il faut répondre aux usages de nos concitoyens. Le tout-électrique ne suffit pas, car son autonomie reste aujourd'hui limitée. C'est pourquoi nous croyons beaucoup, chez PSA, à la solution hybride essence rechargeable. Nous pensons que les solutions diesel, en particulier pour les flottes et les consommateurs finaux, vont progressivement basculer vers des solutions hybrides essence rechargeables.

J'en viens aux freins.

Il faut garantir la liberté de mouvement à prix raisonnable pour nos concitoyens. Nous devons travailler avec l'État afin de co-construire des solutions à prix abordables. Nous comptons beaucoup sur le soutien de l'État pour avoir une visibilité sur les éléments incitatifs de type bonus pour les véhicules électriques et les véhicules hybrides essence rechargeables. Notre ambition est de mettre sur le marché des solutions de mobilité qui soient à iso-coût total de possession par rapport aux véhicules thermiques. Notre ambition est de raisonner en loyers. Le coût de possession, c'est le loyer plus les usages. Le surcoût est aujourd'hui de l'ordre de 5 000 euros pour les véhicules hybrides essence rechargeables et de 10 000 euros pour un véhicule électrique par rapport à une voiture thermique équivalente. Il faudra donc raisonner en loyer et proposer aux Français des solutions « à iso-loyer » comparées aux solutions thermiques. Pour ce faire, les constructeurs font des efforts, ils s'engagent à absorber une partie du surcoût technologique. Les concessionnaires feront aussi des efforts. L'accompagnement de l'État, en proposant des bonus sur les véhicules électriques et en réintroduisant un bonus sur les véhicules hybrides à essence rechargeables à partir de 2020, est essentiel. Il est essentiel d'avoir une visibilité à un horizon pluriannuel.

Un autre frein est le maillage du territoire, à la fois quantitatif et qualitatif, par les bornes. Le projet de loi d'orientation des mobilités (LOM) traitera en partie ce point.

En outre, la transition doit s'opérer à un rythme raisonnable, parce que nous adaptons progressivement nos structures industrielles. La valeur ajoutée directe affectée à une solution électrique ou plug-in hybrid electric vehicle (PHEV) par rapport à une solution thermique est d'environ 30 % inférieure. Si l'on n'y prend pas garde et si le switch s'effectue brutalement, il y aura des impacts sociaux. Le switch entre le véhicule thermique et les solutions électriques ou hybrides à essence rechargeables ne se décrète pas, il doit être souhaité par les consommateurs. Il faudra donc lever les freins psychologiques, les freins à l'usage, lancer des campagnes de communication massive associant l'État et les constructeurs automobiles.

Il importe de maintenir la neutralité technologique. Raisonnons collectivement en termes d'usages. Les moteurs thermiques ont encore une place, les moteurs full electric ont une place, les motorisations PHEV ont aussi leur place. C'est en mixant toutes ces solutions que l'on obtiendra une transition énergétique aux impacts sociaux limités, absorbable par le marché et de nature à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

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