Intervention de Bruno Bilde

Séance en hémicycle du lundi 18 mars 2019 à 16h00
Organisation et transformation du système de santé — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBruno Bilde :

Vos hôpitaux de proximité sont voués à l'échec. Sans moyens, sans projet, dépourvu du personnel nécessaire, ils seront réduits à l'impuissance. L'illusion de proximité masquera dans nos régions la dégradation de la médecine. Dans la pratique, en effet, il faudra parcourir toujours plus de kilomètres pour être opéré en urgence, avec toujours moins de chances de survie.

Vous nous dites que la suppression du numerus clausus mettra un terme à la désertification médicale. Avec cette mesure, qui ne prendra effet qu'en 2032, lorsque la promotion 2020 aura achevé ses études de médecine, vous vous trompez de problème et vous passez à côté de la solution.

Si le nombre de médecins est effectivement insuffisant au regard de la population française, le véritable problème est l'inégale répartition des praticiens dans l'ensemble du territoire national. Si tous les futurs médecins s'installent à Saint-Tropez plutôt que dans le bassin minier, la suppression du numerus clausus n'aura aucun bénéfice.

Vous vous refusez pourtant à contraindre les médecins d'exercer pendant quelques années dans les territoires fragiles ou à consacrer les moyens nécessaires pour encourager les installations. Si la rémunération des professionnels de santé était doublée dans les déserts médicaux, le problème serait déjà réglé !

La suppression du numerus clausus pose aussi la question de la formation, avec le risque d'avoir une médecine au rabais. Si une sélection est nécessaire en première année pour s'assurer de la qualité des étudiants et évaluer leur socle de compétences, elle doit être guidée non plus par la seule compétition mais aussi par le besoin d'humanité et d'empathie.

Autre mesure inepte : la création de postes d'assistants médicaux confinés à des tâches administratives et des actes simples, pour optimiser le rendement.

Pour vous, la santé est une affaire de chiffres, de nombre d'actes et non de qualité des soins. Avec votre objectif de dégager du temps médical, on ne soignera pas mieux ; on soignera à la chaîne.

Ce projet de loi est finalement tout sauf une surprise. Malgré les appels au secours exprimés lors du grand débat national, vous n'entendez toujours rien.

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