Intervention de Agnès Buzyn

Séance en hémicycle du jeudi 31 janvier 2019 à 15h00
Mesures d'urgence contre la désertification médicale — Discussion générale

Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé :

Nous partageons tous le même constat : il nous faut restructurer la médecine de proximité pour rendre le service qui est dû à nos concitoyens. Ce constat est également partagé par les professionnels qui, pour la première fois, se sont mis autour de la table pour discuter avec le Gouvernement d'un projet de loi auquel ils adhèrent. Il s'agit d'un changement de méthode. On se plaint beaucoup de ce que le Gouvernement n'aurait pas été à l'écoute. Non seulement il a entendu les élus des territoires en difficulté, qui se plaignent, car ils sont sensibles au désarroi de leurs concitoyens qui ne trouvent pas de médecins, mais, je le répète, nous avons également réussi, ce qui est exceptionnel, à mettre autour de la table toutes les professions de santé, paramédicales et médicales, la médecine libérale et la médecine hospitalière, ainsi que les cliniques privées, afin de relever ce défi collectif : rendre à la population française le service que nous lui devons.

Nous avons travaillé depuis un an. Une première étape a été franchie avec le plan d'accès aux soins, proposé par le Gouvernement le 17 octobre 2017 et visant à changer de paradigme. Il ne faut plus tout miser sur l'incitation financière à l'installation des médecins. Vous avez raison, ces incitations n'ont pas fonctionné. C'est pourquoi, changeant de méthode, nous proposons désormais aux médecins de leur rendre du temps médical en favorisant une coordination de tous les professionnels de santé autour des pathologies chroniques, qui sont devenues la problématique prioritaire dans les territoires : 10 millions de Français souffrent aujourd'hui de maladies chroniques. Ce sont souvent des personnes âgées. Nous devons permettre aux infirmiers, aux pharmaciens ou aux kinésithérapeutes d'intervenir auprès de ces malades, afin de libérer les médecins.

C'est ce que nous avons commencé à faire en proposant aux pharmaciens de procéder à la vaccination contre la grippe : 700 000 vaccinations réalisées en pharmacie cette année, ce sont 700 000 consultations de moins, ce qui a permis de rendre aux généralistes du temps médical utile aux malades.

Tout le travail que nous avons réalisé avec les professionnels de santé vise à structurer la médecine libérale de proximité et à renforcer les hôpitaux de proximité.

Nous franchirons bientôt une deuxième étape : le Conseil d'État a été récemment saisi d'un projet de loi qui sera examiné à l'Assemblée dans quelques semaines. Il répond à l'ensemble des problématiques que vous avez évoquées, notamment la proximité en matière d'accès aux soins, en incitant les médecins à s'installer dans les territoires.

Toutefois, contrairement à ce que vous proposez, cette incitation ne sera pas coercitive.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.