Intervention de Frédéric Petit

Séance en hémicycle du mercredi 14 novembre 2018 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2019 — Action extérieure de l'État

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédéric Petit, rapporteur pour avis de la commission des affaires étrangères :

C'est la deuxième année que je présente ce rapport et je voudrais tout d'abord parler de méthode. Nous avons pu approfondir notre réflexion et être plus efficaces dans nos auditions. Lorsque nous tentions d'expliquer à nos collègues ce qu'est la réalité des réseaux, notre méthode pouvait parfois être qualifiée d'« anti-fake news ». Cela a nourri chez moi une conviction : quand nous parlons de diplomatie d'influence, de diplomatie culturelle – d'autres de francophonie – , je crois que nous parlons de trois réseaux, l'un économique, l'autre éducatif et le troisième culturel, dans lesquels la France, des Français ou des francophiles agissent en partenariat. C'est une révolution, pour notre administration, que d'avoir à travailler avec des partenaires plutôt que de chercher seulement à imposer la volonté de la France dans le monde.

Nous ne nous battons pas, dans ce programme 185 « Diplomatie culturelle et d'influence », contre la pénurie, et je m'en réjouis. Le budget tient les promesses qui nous ont été faites l'an dernier. Les chiffres ayant été rappelés par le ministre, je citerai deux exemples : d'une part, l'augmentation des crédits alloués à l'Institut français, et, d'autre part, la sanctuarisation des bourses d'étudiant.

Il faut rappeler, car peu l'ont souligné, que c'est un budget de transition pour des raisons d'abord historiques, parce que nous finissons d'appliquer des réformes pluriannuelles décidées par la précédente majorité, et aussi parce qu'il y a eu, au cours de cette première année de la législature, d'énormes annonces, tonitruantes parfois – doublement du nombre d'élèves dans l'enseignement français à l'étranger, réforme de l'Institut français, augmentation des crédits de l'aide publique au développement, réforme de Business France – , dont la concrétisation prend évidemment du temps. C'est donc un budget de transition car, tout en sauvegardant les moyens existants, il doit prendre en compte ces réformes à venir.

Enfin, j'insisterai sur trois points.

Tout d'abord, je demeure inquiet quant à la mise en cohérence de l'ensemble des réseaux. Certes, notre administration a de toute façon des difficultés à passer ce cap, mais je connais des cas où le pilotage de la diplomatie est défectueux car, d'un côté, on fait réaliser par un réseau ou par un opérateur des choses contraires à ce que, de l'autre, nous annonçons.

Le deuxième point, c'est la révolution numérique. Nous sommes en train de passer à côté pour deux raisons. Premièrement, chaque opérateur fait dans son coin une partie du travail, alors qu'une bonne transition numérique, pour une administration, commence, avant l'intervention des informaticiens, par une définition de ce que l'on veut pour savoir où l'on va. Deuxièmement, dans ce domaine également, l'administration devrait travailler bien davantage en réseau – dans le même esprit que la capacité que j'ai évoquée à travailler avec des partenaires – , et non plus de manière verticale.

Le troisième point, c'est la gestion des ressources. Le temps supplémentaire dont j'ai disposé cette année m'a permis d'approfondir le titre 2, qui représente tout de même plus de 10 % du budget du programme 185. La gestion demeure encore trop une gestion de carrières, de placements, par rapport à une gestion de profils. Je me joins à l'hommage qu'Anne Genetet vient de rendre aux agents de notre réseau diplomatique, mais je pense que si nos postes ont un caractère généraliste – même si la diplomatie sera plutôt orientée sur l'éducation dans un pays, sur l'économie dans un autre – , les réseaux comptent aussi des métiers spécifiques : un ambassadeur n'est pas forcément le meilleur profil pour gérer 6 000 enseignants, des journalistes de France 24 ou encore d'autres activités techniques. Le ministère doit donc adopter une gestion de profils. Or je n'ai pas l'impression qu'il est déjà organisé à cet effet.

En tout cas, la commission des affaires étrangères s'est réjouie de la stabilisation – et même de l'augmentation pour certaines lignes budgétaires – des crédits de la mission, et elle soutient avec un bonheur non dissimulé ce projet de budget.

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