Intervention de Michel Castellani

Séance en hémicycle du mardi 13 novembre 2018 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2019 — Recherche et enseignement supérieur

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Castellani :

Je ne suis pas certain qu'il soit tout à fait naturel de disserter de l'enseignement supérieur et de la recherche, qui constituent des domaines majeurs d'avenir, à trois heures et quelques du matin.

La recherche conditionne directement la compétitivité des entreprises, donc leur adaptabilité à la compétition mondiale, et la vitalité de l'économie tout entière. La formation ouvre à tout citoyen les portes de son propre avenir. Elle constitue précisément le socle de toute l'oeuvre de diffusion du savoir, et bien sûr, in fine, de la recherche-développement.

Il est donc heureux qu'au terme de choix budgétaires difficiles, le ministère de la recherche et de l'enseignement supérieur ait été parmi les mieux préservés des coupes et des restrictions. On pourra certes discuter de la ventilation et de l'ampleur relative des lignes budgétaires, mais on retiendra aussi que l'augmentation de ce budget est de 549 millions d'euros.

Ce budget couvre deux grands domaines : l'enseignement supérieur, d'un côté ; l'innovation et la recherche, de l'autre. Dans le premier domaine l'objectif prioritaire doit être l'augmentation, indispensable, du niveau de qualification. Dans cette optique, le développement de l'alternance et l'amplification de la formation tout au long de la vie constituent des opportunités majeures de fonctionnement de l'ascenseur social, surtout à destination de personnes volontaires et motivées. La mise en ligne des cours constitue également une opportunité, qui demande cependant à être encadrée et contrôlée, et qui demande surtout un travail considérable en amont pour le personnel enseignant.

Cette volonté est complétée par l'incitation à l'ouverture internationale. La dynamique initiée par le processus de Bologne a posé les bases de l'espace européen de l'enseignement supérieur, harmonisé les systèmes nationaux et généralisé une division en trois cycles, impliquant une reconnaissance réciproque des qualifications. Le système européen de crédits, l'adoption d'une politique d'assurance qualité des établissements et des formations favorisent la dimension internationale des formations supérieures, et c'est heureux. Je voudrais mentionner au passage la déclaration du réseau des universités ultramarines, qui appellent au développement d'une stratégie de recherche, à travers leur implication dans des coopérations avec leurs divers pays limitrophes.

En matière d'organisation universitaire, une double dynamique, complémentaire, doit être poursuivie : d'une part, l'affirmation de l'autonomie des établissements, qui garantit une adaptation de l'offre de formation aux conditions locales ; de l'autre, l'incitation au regroupement au sein des pôles de compétitivité, des contrats de site ou des projets de recherche collaborative. C'est une démarche indispensable face aux nécessités du temps et à la compétition imposée par les grands organismes mondiaux. Il importe également qu'un regroupement ait lieu dans le cadre français, où il faut bien dire que l'on se perd un peu face à la multiplication des écoles, universités et organismes divers, qui viennent s'ajouter à la recherche privée, et dont on espère qu'ils ne se marchent pas trop sur les pieds. On vient également de mentionner la recherche intégrée, dans le cadre européen.

On sait ce que coûte l'insuffisance de la France et de l'Europe en matière digitale, comme on sait le rayonnement, l'indépendance et l'emploi que procure le succès d'Ariane. Et l'on ne peut que se féliciter de l'inscription dans le présent budget des 205 millions destinés à sécuriser le développement du lanceur Ariane 6. La polarisation des établissements français et, plus largement, européens, constitue la réponse obligée aux task forces des traditionnelles superpuissances, mais aussi à la montée en force de la Chine et des pays émergents.

Le programme 172, instrument du pilotage de la recherche, est articulé autour de dix axes, qui revêtent tous une importance capitale. Il est essentiel d'articuler la recherche fondamentale et la recherche appliquée et de favoriser l'interaction avec les entreprises. Les entreprises, les finances publiques et la société tout entière doivent pouvoir jouer gagnant-gagnant. On comprend, par exemple, que le développement des biocarburants, l'éolien offshore, l'économie circulaire, bref, tout ce qui converge vers la transition écologique et énergétique représente une incontournable voie vers l'avenir, mais constitue également un ensemble considérable d'initiatives et d'emplois, tout comme la technologie agricole ou la recherche en matière de santé.

Nous savons que des universités sont en déficit grave. Nous savons que la précarité sévit dans le milieu étudiant. Nous n'ignorons pas les critiques que ce budget a suscitées, notamment le fait qu'il ne représente que 2,27 % du PIB, quand l'objectif en Europe est de 3 %. Nous n'ignorons pas que le CNRS et l'Institut national de recherche en informatique et en informatique – Inria – continuent de perdre des techniciens de haut niveau, comme nous connaissons les critiques de la Conférence des présidents d'université, des organisations syndicales et des syndicats étudiants. Mais nous prenons aussi acte des efforts accomplis, tout en sachant que ces derniers devront être poursuivis et amplifiés dans le futur.

Je vous souhaite une bonne et agréable nuit.

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