Intervention de Daniel Fasquelle

Réunion du mercredi 18 juillet 2018 à 10h15
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi relatif à la croissance et la transformation des entreprises

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDaniel Fasquelle :

S'agissant de l'État stratège, on peut imaginer tous les outils que l'on veut. Encore faut-il s'en servir. Je me souviens de l'affaire Alstom dans laquelle, malheureusement, l'État, le Président de la République et le Premier ministre de l'époque n'ont pas utilisé les outils qu'ils avaient à leur disposition. Cela a conduit au désastre que l'on connaît. Alstom Énergie est tombé sous la coupe de General Electric. Ce n'était absolument pas un mariage entre égaux. Alstom Énergie a été petit à petit absorbé par ce géant américain. Par ailleurs, les promesses qui avaient été faites en termes de création d'emplois et de localisation de centres stratégiques en Europe ou en France n'ont pas été tenues. Ensuite, on a fragilisé Alstom Transport et on a perdu le TGV qui maintenant, tombe sous la coupe de Siemens. Donc, c'est bien de faire de grands discours sur les outils ou, comme dans le projet de loi PACTE, de renforcer ces outils. Mais si l'on ne s'en sert pas, tout cela ne sert à rien. Les mots et les discours doivent être suivis d'actes concrets.

Je partage pleinement ce qui a été dit à propos de l'État stratège ; il faut aussi une Europe stratège. Dès lors, quid de la question du droit de la concurrence ? L'État stratège est aussi celui qui permet l'émergence de champions nationaux ou européens. Or à l'échelle européenne, il manque une vraie volonté de permettre l'émergence de champions mondiaux. L'on a empêché, parfois, des fusions-acquisitions au nom de la préservation d'une situation de concurrence sur le territoire européen, alors que le vrai sujet est désormais celui d'une concurrence au plan mondial. Avez-vous un avis à ce sujet ?

Vous avez évoqué les pôles de compétitivité. Ils fonctionnent plutôt bien. Évidemment, l'on ne peut pas les répandre et les multiplier. L'on se souvient des tensions qu'a engendrées leur création. La décision qui a été prise est sage : il existe quelques grands pôles de compétitivité autour desquels il faut centrer les efforts. Il n'empêche qu'il peut y avoir, à côté, des rassemblements ou des forces économiques de recherche en matière de formation. Je considère que nous n'y sommes pas suffisamment attentifs, dans notre pays. L'Éducation nationale a lancé le programme Campus. C'est un très bon dispositif, qui peut constituer un point d'appui. Deux programmes Campus sont en cours dans ma circonscription, dans le domaine du tourisme et dans celui de la santé. Ne pourrait-on pas favoriser davantage l'émergence de ces mini-écosystèmes ? Parfois, sans que nous ne nous en rendions compte, nous avons déjà tout ce qu'il faut sur place. Dans ma circonscription, à Berck-sur-Mer, il existe des personnes extrêmement compétentes dans le domaine de la santé, dans les hôpitaux, d'autres dans les entreprises – nous comptons notamment un leader mondial dans le secteur des instruments chirurgicaux. Et pourtant, elles ne travaillent pas ensemble. Des formations pourraient aussi être intégrées dans cet écosystème.

Enfin, quid du lien entre la recherche publique et la recherche privée ? Je suis moi-même universitaire, et je m'aperçois malheureusement que les universités peinent encore à travailler avec les entreprises, et inversement. De nombreux tabous pourraient être dépassés. Des instruments avaient été mis en place, notamment dans le cadre de la politique qu'avait entreprise Valérie Pécresse. Où en est-on ? Que pourrait-on faire, concrètement, pour renforcer la coopération entre recherche publique et recherche privée ?

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