Intervention de Gérard Collomb

Séance en hémicycle du lundi 25 septembre 2017 à 21h45
Sécurité intérieure et lutte contre le terrorisme — Discussion générale

Gérard Collomb, ministre d'état, ministre de l'intérieur :

Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, je vais m'efforcer de répondre à quelques-uns des orateurs qui se sont exprimés dans la discussion générale.

M. Jean-Louis Masson m'a demandé si je ne pensais pas prendre un risque en défendant ce projet de loi et la sortie de l'état d'urgence. Je veux vous dire, mesdames et messieurs les députés, que si j'avais estimé que nous courions le risque de subir un attentat supplémentaire en sortant de l'état d'urgence, jamais je n'aurais emprunté cette voie et ne vous aurais proposé le présent texte. Deux de mes amis ont perdu leur fille lors de l'un de ces attentats et je me souviens combien la cérémonie était triste. Croyez-moi, lorsque l'on devient ministre de l'intérieur, la première pensée qui vous vient est de se demander si de nouveaux attentats n'auront pas lieu. Alors oui, si j'avais pensé que, par ce texte et la sortie de l'état d'urgence, je faisais prendre un risque à notre pays, je n'aurais pas agi ainsi !

Monsieur Masson, vous m'avez interrogé sur d'autres aspects de la politique que nous entendons mener. Vous avez eu raison de le faire, mais tout n'est pas contenu dans le projet de loi que je défends ce soir. Ainsi, sur l'insécurité qui règne dans certains de nos quartiers : croyez-vous que, comme maire de Lyon, j'ignore cette réalité, que comme président de la métropole de Lyon, je méconnais les violences grandissantes ? Lorsque je me rends dans la première couronne parisienne, pensez-vous que je ne vois pas la violence insupportable qui règne dans telle commune ou dans tel quartier et que je n'estime pas qu'il est de notre responsabilité d'essayer, dans les prochaines années, d'y répondre ?

Vous m'avez aussi interpellé sur les tâches qui incombent aux policiers et aux gendarmes. J'entends ce qu'ils me disent, et je sais que, pour une heure passée sur le terrain, il leur faut remplir six heures de tâches administratives. Cela décourage bien des vocations et je sais que nombreux sont les officiers de police judiciaire qui ont rendu leur habilitation, estimant que ce n'était pas pour de telles tâches qu'ils avaient choisi ce métier. Alors oui, nous vous présenterons des réformes dans les prochains mois. Elles seront discutées une par une, mais elles dessinent une ligne, que vous aurez l'occasion de distinguer avant la fin de l'année prochaine.

Mme Laurence Vichnievsky, que j'écoute toujours avec beaucoup d'attention, propose, sur quelques points, des mesures plus sécuritaires que les nôtres ! Nous avons aussi des désaccords, dont je sais qu'ils ne seront pas réglés ce soir. Elle a eu l'occasion d'entendre le Président de la République lui répondre sur les problèmes constitutionnels qu'elle a pu soulever. Je ne pense pas que ces problématiques seront tranchées dans les prochaines semaines.

Madame Brenier, je me suis rendu à Nice pour la commémoration de l'attentat et j'y ai vu la peine des familles. Croyez-vous que l'état d'urgence – dans lequel la France se trouvait l'année dernière – a permis d'éviter cet attentat ? Non, l'état d'urgence ne règle pas tout. C'est grâce au travail quotidien de nos services que nous déjouons aujourd'hui des attentats. Cela exige une vigilance de tous les instants, une connaissance profonde de l'atmosphère des quartiers, l'intuition de la façon dont les choses peuvent évoluer et de la manière dont certaines personnes peuvent se radicaliser. C'est par cette forme de renseignement que l'on évite et déjoue un certain nombre d'attentats.

Vous avez aussi évoqué les techniques utilisées par nos services. Les informations sont obtenues aussi bien par le renseignement humain que par les nouvelles technologies, en constante évolution. Nous aurons l'occasion d'en reparler : c'est la convergence de ces deux approches qui nous permet d'assurer la sécurité.

Enfin, vous m'avez demandé s'il ne fallait pas communiquer aux maires l'identité des personnes inscrites à certains fichiers, comme le fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste, le FSPRT. Mais que se passera-t-il une fois que les maires se seront vus communiquer ces identités ? Qu'en feront-ils ?

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