Intervention de Christophe Naegelen

Séance en hémicycle du mardi 19 juin 2018 à 21h45
Réduction des inégalités entre les français et les territoires — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Naegelen :

Nos territoires de campagne n'ont pas de moyens, mais ils ont des idées. Ces contrats aidés contribuaient à créer du lien et de la cohésion sociale en soutenant les nombreuses initiatives utiles qui avaient besoin de financement pour être menées à bien.

Plus grave encore, la suppression des services publics est catastrophique. Elle constitue la première source d'inégalités entre les territoires, parce que l'État se déresponsabilise dans une logique purement comptable, en supprimant des services indispensables là où ils sont nécessaires – je pense à La Poste, aux organismes de soutien à l'emploi, aux écoles, et j'en passe.

Il devient alors plus difficile d'attirer des familles qui voudraient profiter du cadre de vie de la campagne. C'est un serpent qui se mord la queue : on supprime les services, donc les familles ne viennent pas ; la population diminue, donc on arrête les services jugés trop peu rentables. L'État doit investir pour le développement des territoires et garantir l'égalité d'accès aux services publics. Cet engagement sera rentabilisé par l'arrivée de nouveaux arrivants et nombreux sont les citadins qui, aujourd'hui, aspirent à une qualité de vie que l'on ne peut avoir qu'à la campagne. C'est un véritable investissement de long terme et même un pari d'avenir pour un projet de société où chacun a le choix de son mode et de son lieu de vie.

À ce titre, la question des services publics hospitaliers est encore plus prégnante. J'aimerais rappeler devant la représentation nationale que la logique comptable ne doit pas se faire aux dépens de l'offre de soins territoriale. Les services spécialisés, qu'ils soient de maternité, d'urgence ou de chirurgie, ne doivent pas être concentrés uniquement dans les grandes villes, mais au contraire privilégier les moyennes et petites villes.

Je tiens à insister sur l'importance des services publics hospitaliers dans les territoires reculés pour pallier le déficit d'investissement du secteur hospitalier privé. L'État doit en effet inscrire son action dans la compensation des déséquilibres induits par le secteur privé et non dans leur accroissement. L'État n'est pas une entreprise : son profit, c'est le bien commun, c'est la santé publique.

Ces trois points nous paraissent fondamentaux pour réduire l'inégalité territoriale. Même si l'on peut saluer l'objectif de cette proposition de résolution, il est important de fixer des caps et des priorités car, dans le contexte budgétaire actuel, elle n'est clairement pas réaliste.

D'ailleurs, concernant les dotations aux collectivités territoriales, il est intéressant de noter que c'est sous le précédent gouvernement que la dotation globale de fonctionnement a le plus subi de coups de rabot, avec une baisse de 11 milliards d'euros, faisant reculer l'investissement des collectivités territoriales d'une manière sans précédent.

Nous ne voterons pas ce texte, qui manque sans doute de pragmatisme, mais nous espérons que le Gouvernement fera les efforts nécessaires dans le sens de l'intérêt général, comme nous le proposons ici.

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