Intervention de Pascal Empereur-Bissonnet

Réunion du jeudi 5 avril 2018 à 15h15
Commission d'enquête sur les maladies et pathologies professionnelles dans l'industrie risques chimiques, psychosociaux ou physiques et les moyens à déployer pour leur élimination

Pascal Empereur-Bissonnet :

Le fait, pour le médecin généraliste, d'avoir accès à une partie du dossier constitué par le médecin du travail, concernant en particulier les expositions, serait pour lui une source précieuse d'informations.

Une sensibilisation des médecins généralistes à ces questions est également un aspect important afin qu'ils aient le réflexe de s'interroger, face à diverses maladies, sur l'éventualité de leur origine professionnelle. Il est important qu'ils aient conscience qu'une partie de la santé de leurs patients est liée à une exposition à des facteurs de risques professionnels.

Outre l'information et la sensibilisation, la formation apparaît comme un élément-clé. Parmi les maladies liées à des facteurs professionnels, il existe en effet des maladies aiguës, à expression très rapide après le début de l'exposition – ce peut être le cas des TMS –, et des maladies liées à des expositions remontant parfois à plusieurs décennies. Le mésothéliome est, de ce point de vue, un cas d'école, puisqu'il s'écoule trente à quarante ans entre le début de l'exposition et le diagnostic clinique. Cette notion d'effet différé devrait être intégrée dans la formation des médecins généralistes. Face à un cancer ou à une pathologie chronique, l'origine n'est souvent pas à rechercher dans les facteurs de risques actuels, mais dans l'histoire des facteurs de risques auxquels a été exposé le patient, d'où l'intérêt pour le médecin non seulement d'être sensibilisé, formé et informé, mais aussi de disposer d'un dossier retraçant, dans l'idéal, l'historique complet des expositions professionnelles. Ceci pose certainement des difficultés nombreuses, mais serait une avancée considérable du point de vue de la transmission des connaissances. Cela contribuerait également – aspect auquel nous sommes très sensibles au sein de Santé publique France – à ramener la santé au travail dans le champ de la santé publique et à cesser de fonctionner en « tuyaux d'orgue » et de considérer que ce qui relève du travail concerne la direction générale du travail et non celle de la santé. Il existe pour l'heure entre ces deux médecines des cloisons relativement étanches, que ces évolutions pourraient aider à supprimer.

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