Intervention de Gérard Cherpion

Séance en hémicycle du lundi 11 juin 2018 à 21h30
Liberté de choisir son avenir professionnel — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGérard Cherpion :

Jusqu'à présent, la région jouait le rôle de régulateur et finançait les plateaux techniques des lycées professionnels, tout en étant attentive aux spécificités des territoires, ce qui limitait les effets de la concurrence entre CFA et lycées professionnels.

Celle-ci sera dorénavant acharnée, le risque étant de voir disparaître les lycées professionnels, et donc le savoir-faire de leurs enseignants ; cela ne pourra que renforcer la fracture territoriale. Mais peut-être était-ce votre dessein ?

S'agissant de la formation professionnelle, vous partez d'un postulat : chaque individu doit choisir son avenir professionnel depuis son salon, au moyen d'un smartphone. Vous individualisez ainsi la formation professionnelle, ce qui me rappelle le titre d'une loi que nous avions votée il y a quelques années.

Là encore, madame la ministre, je comprends votre intention, même si je ne la partage pas. Elle est tout à fait conforme au logiciel macronien : chacun se débrouille avec ce qu'il a, et comme il peut.

Afin d'en améliorer la lisibilité, dites-vous, vous transformez le compte personnel de formation, le CPF, en changeant son unité de compte : les heures font place aux euros. Dorénavant, le salarié n'aura plus x heures pour trouver une formation, mais x divisé par deux en euros.

S'il est vrai qu'il sera plus simple pour le salarié désireux de se former de trouver une formation en fonction du montant dont il disposera sur son compte personnel de formation, ce changement aura de nombreux effets néfastes.

Pour les entreprises d'abord. Pouvez-vous confirmer à la représentation nationale que, d'un point de vue comptable, les montants de CPF des salariés ne devront pas être inscrits par les entreprises dans leurs provisions ?

Pouvez-vous indiquer quels seront les effets d'une telle réforme sur les embauches, par exemple lorsqu'un recruteur aura le choix entre deux personnes, dont l'une disposera d'un CPF de 5 000 euros et l'autre non, sachant que le CPF suit le salarié tout au long de sa vie professionnelle ? Pouvez vous également nous rassurer sur le départ en retraite du salarié ?

Ainsi, un salarié partant en retraite avec un CPF crédité de 5 000 euros – et à qui vous répétez que ce compte symbolise son droit à la formation et qu'il lui appartient – voudra soit se le faire payer, soit entamer une formation de convenance.

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