Intervention de Ericka Bareigts

Séance en hémicycle du jeudi 24 mai 2018 à 15h00
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Article 5

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEricka Bareigts :

Chers collègues, je souhaite vous emmener dans une autre réalité de territoire, puisque plusieurs ont été évoquées ici : celle des outre-mer.

Souvent, lorsque nous prenons la parole, dans cette assemblée, en tant qu'élus des outre-mer, c'est pour vous faire part de nos nombreuses difficultés. Or, ce soir, je souhaite vous faire part de ce qui marche ! Et ce qui marche, il faut le défendre !

Je prendrai l'exemple de La Réunion, territoire insulaire et isolé, situé à 10 000 kilomètres de la métropole – territoire captif aussi, d'une superficie de 2 500 kilomètres carrés, dont 1 000 kilomètres carrés de parc protégé. Sur le reste sont construites les infrastructures et vivent 850 000 habitants, qui ne se contentent plus de pratiquer la monoculture de la canne à sucre mais se sont également engagés dans la diversification agricole.

Durant des années, en effet, nous avons tous cru que nous ne pouvions nous nourrir qu'au prix d'importations massives, si bien que nous étions à la fois passifs et captifs. Nous sommes restés enfermés dans cette idée jusqu'au jour où des hommes et des femmes, trouvant cette situation insupportable, ont décidé de la combattre. Il nous a fallu quarante ans pour construire des filières intelligentes, permettant d'associer l'ensemble des acteurs. Et, alors qu'il y a quarante ans nous faisions venir de la salade, des tomates, des haricots et des poulets, La Réunion est aujourd'hui devenue autosuffisante pour certains produits animaux et végétaux.

Cette structuration intelligente des filières garantit aux consommateurs une production locale, soutient l'emploi, structure le territoire et crée de la valeur ajoutée. Un seul chiffre : de 2009 à 2016, la diversification agricole organisée en filières a permis de faire progresser le volume de l'élevage de 24 % et celui du végétal de 36 %.

C'est pourquoi, mes chers collègues, j'espère recevoir votre soutien pour ajouter à l'article 5 un alinéa qui précise que « la structuration en filières agricoles s'impose comme mode de développement d'une production locale, créatrice d'emplois et de valeur », cela étant valable dans les départements visés à l'article 73 de la Constitution. Nous ferions ainsi un geste fort en direction de ces gens qui y ont cru, qui nous ont rendus actifs et qui nous rendent fiers aujourd'hui de ces filières qui nourrissent nos populations.

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