Intervention de Clémentine Autain

Séance en hémicycle du mardi 3 avril 2018 à 21h30
Débat sur les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClémentine Autain :

Madame la ministre, le rapport de nos collègues est accablant. Les agents chargés de la toilette voient quatorze patients par matinée. Les patients ont moins d'une demi-heure de soins par jour. Certains sont alités dès 17 heures, d'autres promenés en chaise roulante faute de temps et d'agents, bien qu'ils puissent marcher – mais trop lentement.

Sur les 720 000 personnes âgées bénéficiant de soins, 83 % sont reconnus en forte perte d'autonomie, 70 % ont besoin d'aide pour s'alimenter. Il ne s'agit pas seulement de chiffres, mais de nos aînés : ils ont droit à notre respect. Quant aux personnels des EHPAD, ils portent notre honte à tous, notre incapacité à traiter dignement, à accompagner ces anciens qui ne réclament que la dignité.

La situation des EHPAD relève de l'urgence sanitaire. Le constat est partagé : il faut augmenter les effectifs, atteindre le ratio de soixante aides-soignants et infirmiers pour cent résidents, et consacrer au minimum une heure et demie à chaque patient chaque jour. Ce n'est pas du luxe : cette mesure était déjà préconisée par le plan Grand âge de 2006 et nous en sommes encore loin, trop loin.

Au lieu de cela, votre gouvernement supprime 12 500 emplois aidés dans les EHPAD publics. Quant aux 50 millions d'euros débloqués récemment, ils ne représentent qu'une goutte d'eau, rapportés à la perte de 200 millions d'euros de dotations publiques.

Madame la ministre, vous dites ne pas avoir les moyens de financer ces créations de postes malgré leur absolue nécessité. En somme, vous demandez aux personnels des EHPAD de faire la même chose, en mieux, avec moins de moyens, et pour toujours plus de patients. La prise en charge de nos aînés est de facto sacrifiée, comme beaucoup d'autres services publics, sur l'autel de l'austérité budgétaire.

Je vous ai écoutée attentivement, madame la ministre : le vocabulaire que vous employez vise à masquer la réalité concrète de votre politique. Pensez-vous sérieusement que vos recommandations en matière de « management des personnels » et d'« optimisation des budgets » soient des mesures sérieuses, suffisantes pour faire face à l'ampleur de ce désastre sanitaire ?

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