Intervention de Clémentine Autain

Séance en hémicycle du mercredi 7 mars 2018 à 15h00
Convention d'extradition avec les Émirats arabes unis — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClémentine Autain :

Le Yémen, à l'heure où nous parlons, est le pays le plus pauvre du Moyen-Orient. La situation de la population civile, prise au piège d'un conflit qui dure depuis plus de trois ans, est absolument dramatique. Les Yéménites se trouvent au coeur d'un conflit interrégional opposant entre autres l'Iran, l'Arabie saoudite et leurs alliés respectifs. Cette guerre a fait plus de 10 000 morts et 3 millions de déplacés, victimes directes des combats et des bombardements.

En continuant de fournir des armes à ces deux pays, la France devient complice des crimes de guerre et des violations graves du droit international humanitaire. Interrogée, la ministre Florence Parly n'a pas fourni de réponse bien claire, se contentant d'indiquer que « l'utilisation des armes une fois livrées est normalement encadrée. Mais les conflits peuvent évoluer. Qui pouvait imaginer la survenance de ce conflit au Yémen ? ». Pourtant, de nombreuses ONG alertent la France depuis 2015, et des pays comme la Norvège ont décidé de stopper leurs livraisons d'armes aux Émirats arabes unis.

L'attitude de la France au Yémen pose question. La France ne peut pas accepter de se laisser dicter ses intérêts diplomatiques par ses partenaires commerciaux. Il faut rompre avec la diplomatie du Rafale. Notre alliance avec les pétromonarchies du Golfe, Émirats arabes unis et Arabie saoudite en tête, nous enferme dans la défense de leurs intérêts stratégiques régionaux. Ces pays défendent une ligne dure contre l'Iran, qui met autant en danger la stabilité régionale que notre crédibilité en tant que partenaire international.

Du fait de cette forme de suivisme, la voix de la France a été réduite à un entremêlement d'indignation sélective, d'affairisme, comme en témoignent les interrogations sur le rôle joué par le ministère des affaires étrangères dans l'affaire Lafarge – la réponse que nous a faite le ministre hier, en commission est d'ailleurs assez édifiante : « Circulez, il n'y a rien à voir » – et sur des interventions militaires sans stratégie globale.

Alors que les guerres au Yémen et en Syrie se régionalisent, la France doit arrêter de prendre position pour un camp et agir désormais pour la paix. Cette action pour la paix passera par un contrôle bien plus étroit du Parlement sur les affaires extérieures. Mes chers collègues, il est plus que temps que nous fassions entendre notre voix, s'agissant des choix diplomatiques de notre pays. Nous devons contrôler bien plus étroitement les ventes d'armes et être mieux informés du déploiement des forces françaises dans le monde et des conséquences de nos opérations extérieures.

C'est à ce titre que nous réclamons la fermeture de nos bases aux Émirats. Et c'est aussi la raison pour laquelle nous appelons à la dénucléarisation de la région.

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