Intervention de Général Jean-Pierre Bosser

Réunion du mardi 13 février 2018 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Jean-Pierre Bosser, chef d'état-major de l'armée de terre :

Moi non plus quand je vais à la FNAC le samedi pour acheter un drone à quatre hélices comparable à ceux qu'utilisent nos ennemis. Si un particulier peut en acheter un aussi facilement, l'armée devrait pouvoir s'en doter de manière beaucoup plus rapide.

Avant de conclure, je voulais dire qu'il ne faut pas oublier la partie normative de la LPM. Je souhaite à ce sujet rendre hommage à notre directrice des affaires juridiques, Claire Legras, qui a nourri la réflexion dans ce domaine.

Je vous en donnerai quelques exemples. Dans le domaine opérationnel, la LPM devrait permettre aux forces armées de procéder à des opérations de relevés signalétiques (empreintes digitales, palmaires, reconnaissance faciale et iris) et à des prélèvements biologiques (sanguins, salivaires, génétiques) en OPEX sur des personnes pouvant présenter un danger pour les forces françaises ou la population. Autre exemple, le projet de LPM prévoit de rehausser de 30 à 60 jours le plafond de la durée annuelle d'activité que l'on peut accomplir au titre de la réserve opérationnelle, avec une possibilité de dérogation à 150 jours en cas de nécessité. En ce qui concerne les blessés, le projet de LPM rend éligible au congé de reconversion et au congé complémentaire de reconversion qui en découle, sans condition d'ancienneté de service, tout militaire blessé en service ou victime d'une affection survenue du fait ou à l'occasion de l'exercice de ses fonctions. Enfin, dernier exemple, le projet de LPM comporte une reconduction des dispositifs d'incitation au départ de l'institution militaire prévus par la précédente loi de programmation militaire. C'est essentiel, car pour nous adapter aux menaces et aux besoins, nous devons préserver un volume suffisant de départs à tous les grades et plus particulièrement pour les grades sommitaux.

Se mettre en ordre de bataille pour mettre en oeuvre la loi de programmation militaire, c'est aussi, pour nos états-majors, faire preuve d'un certain état d'esprit et notamment d'une forte agilité intellectuelle – l'armée de terre, qui s'est d'ores et déjà profondément transformée au cours des années récentes, en a à revendre. La ministre insiste souvent sur la nécessité de bien utiliser la ressource, en alliant confiance et exigence : cela pourrait aussi passer par un accroissement de la responsabilité des chefs d'état-major d'armées.

Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, pour conclure, l'armée de terre peut se montrer satisfaite d'un projet de loi de programmation militaire qui répond très largement à son attente. Disant cela, je fais preuve d'un optimisme non pas béat mais raisonnable, empreint de volonté, de responsabilité et de gravité au regard des actions que nos hommes mènent à la fois sur le territoire national et en opérations extérieures. C'est pour moi une responsabilité historique. Je ne pensais pas être le CEMAT de la FOT à 77 000 hommes et de la remontée en puissance. Je construirai l'armée non pas de nos rêves mais, je l'espère, de nos besoins. Nous sommes prêts à relever le défi.

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