Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du lundi 6 décembre 2021 à 16h00
Différenciation décentralisation déconcentration et simplification de l'action publique locale — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

…cette baisse s'étant accentuée depuis quatre ans. Dès lors, la différenciation conjuguée à l'austérité ne peut que favoriser les inégalités entre les collectivités et les citoyens.

Il faut que je revienne sur ce que vous appelez différenciation, simple mot fétiche pour se reconnaître entre membres de la droite républicaine. Par exemple, M. le Premier ministre Castex, qui se présente comme le Premier ministre des territoires – formule floue et insipide –, considère que des réponses différentes doivent être apportées à des situations différentes. Nous ne savons que trop bien ce que cette différenciation signifie dans votre bouche : concurrence entre les collectivités et les territoires et creusement des inégalités.

Madame la ministre, vous en avez donné un cruel exemple avec la crise actuelle à la Guadeloupe. Je l'ai répété des centaines de fois, mais il est toujours bon de rappeler ce qui se passe en 2021 dans notre pays. En France, en 2021, en pleine pandémie, collègues, certains habitants n'ont pas d'eau pour se laver les mains, pour boire, pour faire la cuisine ou pour se doucher ; les canalisations sont en ruine. En France, en 2021, certains citoyens s'approvisionnent avec des citernes qu'ils ont eux-mêmes payées ou au rythme des tours d'eau. Certains n'ont d'eau que le dimanche, d'autres n'en ont jamais eu au robinet depuis six ans. Des enfants ratent jusqu'à un mois et demi de cours par an car il n'y a pas d'eau à l'école. Ces femmes et ces hommes, nos compatriotes, habitent la Guadeloupe. Là-bas, la majorité de la population est contaminée au chlordécone, les nappes phréatiques sont également polluées par cet insecticide qui a empoisonné les corps et les terres pour six cents ans. Au pic de l'épidémie, il n'y avait pas de masques, pas de tests, pas de médicaments, pas de respirateurs. L'été dernier, à l'hôpital de Pointe-à-Pitre, on comptait seulement deux infirmiers pour cent patients.

C'est pourquoi la population trouve bon de se révolter quand elle réalise, à juste titre, que la promesse républicaine ne semble pas s'appliquer au-delà de l'océan Atlantique.

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