Intervention de Olivier Véran

Séance en hémicycle du mercredi 3 novembre 2021 à 15h00
Vigilance sanitaire — Article 1er i

Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé :

Il faut donc reconnaître, monsieur le député, que les choses ont changé, même si elles ont changé trop tard – mais cette responsabilité ne nous incombe pas.

Les lits peuvent aussi fermer par manque de personnel, même si les budgets sont présents et que les recrutements sont en cours. Je le dis en toute humilité : après cinquante ans de numerus clausus, je n'ai pas de bataillons de médecins urgentistes qui attendent dans un tiroir du ministère qu'on les active. Oui, nous manquons de médecins. Oui, il existe des déserts médicaux. Et oui, nous manquons même parfois de médecins à l'hôpital !

Si quelqu'un vous explique qu'il peut former des urgentistes en deux ans, dites-moi où, car même à Cuba on ne le peut pas – je me souviens avoir eu cette conversation avec M. Mélenchon : dommage qu'il ne soit plus là. La responsabilité est collective. Face à cela, nous sommes tous modestes. A-t-on pris la bonne décision aujourd'hui pour faire en sorte que ce système ne persiste pas dans la durée ? Oui, la bonne décision est la suppression du numerus clausus : nous l'avons votée.

Par ailleurs, on développe la télémédecine, les coopérations, les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), on augmente les délégations de tâches. Je ne suis pas sûr que vous ayez voté, par exemple, la mesure qui permet à un orthoptiste de prescrire des lunettes sachant qu'il manque des ophtalmologues dans de nombreux territoires. Pas de discours, monsieur le député. Soit on dit qu'il faut mettre le paquet pour lutter contre les déserts médicaux, auquel cas on se donne les moyens et on vote les textes à l'Assemblée nationale, soit on ne demande pas de rapports.

Quant aux 20 % de lits, madame Panot, je le dis et je le répète, ce chiffre, qui figure dans une annexe écrite par des membres du Conseil scientifique – mais je ne sais pas par qui –, ne correspond pas à la réalité. Il ne s'agit pas d'avoir des discussions de comptoir pour savoir si c'est 19 % ou 20 %, cela n'intéresse personne. Ce n'est pas le ministre que vous insultez, mais l'administration. C'est le travail de l'administration centrale de faire remonter toutes les données chiffrées dont on peut disposer hôpital par hôpital. J'ai demandé à avoir chaque mois un bilan exhaustif de tout ce qui se passe, en matière de lits, comme de toutes autres difficultés qui peuvent être rencontrées. Quand un service d'urgence ne peut pas ouvrir le lendemain, à dix-huit heures, par manque de médecins urgentistes, parfois j'appelle moi-même l'hôpital pour que nous cherchions ensemble des solutions.

On a apporté des solutions structurelles à ce problème qui existe depuis longtemps, et on accompagnera chaque hôpital dans la durée, quel que soit le territoire. Franchement, sur ce point, on pourrait penser que se fasse l'unité nationale.

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