Intervention de Charles de la Verpillière

Séance en hémicycle du mardi 26 octobre 2021 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Défense ; anciens combattants mémoire et liens avec la nation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCharles de la Verpillière :

Avant de vous exposer le point de vue du groupe Les Républicains sur le budget 2022 de la défense nationale, permettez-moi de revenir un instant sur notre séance du 22 juin 2021, qui était consacrée à l'actualisation de la loi de programmation militaire 2019-2025. À cette tribune, j'avais souligné que les menaces auxquelles nous devions faire face s'aggravaient et que la perspective d'un conflit de haute intensité n'était plus à exclure. Je vous avais donc demandé, madame la ministre, de réviser la loi de programmation militaire, conformément à son article 7, pour augmenter sans plus tarder notre effort de défense. Hélas, vous aviez sèchement refusé.

Quatre mois se sont écoulés, et les faits nous ont donné raison : le contexte stratégique s'est même dégradé au-delà de nos prévisions les plus pessimistes, avec le départ précipité des Américains d'Afghanistan, qui pourrait déclencher une nouvelle vague migratoire, les atteintes à la liberté de navigation en mer de Chine et les menaces contre Taïwan, la formation d'une coalition entre les États-Unis, l'Australie et la Grande-Bretagne dans le Pacifique, dont la France est exclue, et la rupture du contrat d'achat de sous-marins à Naval Group, l'attitude de plus en plus agressive de la Turquie en Méditerranée et les tentatives de déstabilisation observées en Afrique, avec notamment l'implantation de la société Wagner, bras armé de la Russie.

Paradoxalement, même les succès à l'exportation de nos matériels militaires – que je salue – compromettront la réalisation des objectifs de la LPM. Mon collègue Jean-Jacques Ferrara a ainsi relevé que les Rafale d'occasion vendus à la Grèce et à la Croatie seront prélevés sur le parc de notre armée de l'air et de l'espace, et que leur remplacement par des appareils neufs interviendra trop tard. De la sorte, l'armée de l'air comptera 117 Rafale en 2025 au lieu des 129 prévus par la loi de programmation militaire. Avec Jean-Jacques Ferrara et l'ensemble de mes collègues du groupe Les Républicains nous présenterons donc un amendement visant à permettre la commande de douze Rafale supplémentaires dès 2022.

La même mésaventure est arrivée à notre marine nationale : la vente de frégates à la Grèce, qui est en soi une bonne nouvelle, retardera d'autant la livraison des frégates de défense et d'intervention destinées à la France. L'objectif de quinze frégates modernes de premier rang sera atteint plus tard, alors que les spécialistes s'accordent à penser qu'il nous en faudrait même dix-huit. Vous noterez que le Parlement britannique s'est fixé un objectif de vingt-quatre frégates en 2030, sachant que la Royal Navy a déjà mis en service deux porte-avions ultra-modernes.

Au bout du compte, alors que la trajectoire financière de la loi de programmation militaire est respectée en apparence, puisque le projet de budget pour 2022 est en hausse de l,7 milliard d'euros par rapport à 2021, nous constatons une dérive incontestable par rapport aux objectifs de cette loi, au moment même où, comme nous le savons tous, les dangers sont de plus en plus pressants. En un mot, nous ne parvenons pas à comprendre pourquoi le « quoi qu'il en coûte » ne s'applique pas à nos armées.

Pour ces raisons, les députés Les Républicains ne pourront pas voter le budget des armées et s'abstiendront. En revanche, nous voterons le budget des anciens combattants. La revalorisation, certes tardive, du point PMI, les efforts faits en faveur des harkis et les mesures financières pour les conjoints survivants des grands invalides de guerre nous paraissent justifier cette approbation.

J'en terminerai en rendant hommage aux femmes et aux hommes qui servent dans nos armées, et j'ai une pensée émue pour tous ceux qui sont tombés dans l'exercice de leur mission.

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