Intervention de Jean-Michel Blanquer

Séance en hémicycle du lundi 25 octobre 2021 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Mission enseignement scolaire (état b)

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports :

Même avis. Connaissant votre sensibilité, monsieur Ruffin, je vais essayer d'atténuer la douleur que je vous cause. En réalité, le premier de nous deux qui ait invité l'autre, c'est moi. Je vous ai demandé de me faire suivre les messages dont vous parliez ; je vous en prie, ne les anonymisez pas auparavant, cela m'intéresse fort – pas du tout par malveillance, mais parce que cette démarche correspondrait à ce que nous faisons en permanence.

Chaque fois que se présente un problème, nous tentons de le régler, même quand aucun député ne nous interpelle : d'ailleurs, le pourcentage de difficultés à la rentrée cité tout à l'heure est inférieur à celui que nous avons relevé lors des rentrées précédentes, même s'il provient d'une association et doit donc être comparé aux données de l'éducation nationale. Le fait est que certaines situations ne se trouvent pas réglées à la rentrée, non faute de postes d'AESH, mais en raison de difficultés de recrutement, par exemple en région parisienne. Nous essayons de résoudre ces problèmes au cas par cas. Par conséquent, si vous souhaitez que nous résolvions ceux dont vous avez eu vent, ils m'intéressent ! Vous évoquez des cas réels : vous pourrez en citer indéfiniment si vous ne les portez pas à notre connaissance. Encore une fois, les problèmes sont faits pour être résolus !

S'agissant de la mutualisation, ce qui me gêne, c'est que vous essayez de lui donner systématiquement une connotation péjorative. Dans certains cas, l'accompagnement mutualisé se révèle plus pertinent ; dans d'autres, ce sera l'accompagnement individuel. On ne saurait avoir de ce sujet une vision manichéenne. Je me rends très souvent dans des classes, je rencontre de plus en plus d'AESH au sein des établissements ; j'en vois qui sont heureux de leur mission et beaucoup plus stabilisés qu'auparavant. Il m'arrive d'en trouver plusieurs dans une même classe et, dans cette configuration, la mutualisation conviendrait mieux à tout le monde. Ne la dénigrons donc pas !

Enfin, je voudrais vous faire part d'une difficulté que m'a signalée ATD Quart monde : nous devons veiller à ne pas prendre des problèmes sociaux pour des handicaps. Par exemple, des retards constatés chez un enfant qui entre en maternelle peuvent être dus à un milieu très défavorisé : il convient alors de prendre des mesures pédagogiques, éventuellement sociales, mais non de lui affecter un AESH. Or certains ont poussé la théorisation si loin qu'ils l'entendent désormais ainsi !

Qualitativement, nous devons améliorer notre façon de faire. C'est également là une piste pour l'avenir, car, je vous le répète, en aucun cas vous ne pouvez considérer notre politique comme visant à l'économie : nous créons chaque année des postes d'AESH, 4 000 dans le présent texte. Une année, nous sommes allés jusqu'à 8 000 ! Chacun peut vérifier ces informations. Il ne s'agit donc pas d'une politique d'austérité, mais au contraire de croissance inégalée.

Toutefois, les élèves doivent pouvoir en bénéficier réellement, d'où la nécessité d'une vision très personnalisée, tant au niveau des préconisations des MDPH que par la suite à celui des PIAL, dont Mme Rubin m'avait bien dit, l'an dernier, qu'elle concevait l'intérêt. Je peux tout à fait admettre que le résultat ne soit pas toujours parfait, c'est pourquoi je vous demande, afin de les régler, de me soumettre les cas dont vous avez connaissance ; en revanche, la philosophie des PIAL ne consiste aucunement à réaliser des économies, mais à répondre aux besoins au plus près du terrain. La meilleure preuve en est que les AESH se trouveront destinataires de la plus forte hausse de ce budget, tous domaines confondus.

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