Intervention de Olivier Falorni

Séance en hémicycle du lundi 25 octobre 2021 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Enseignement scolaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Falorni :

Il faut former nos enseignants, les protéger, les soutenir, les considérer et, surtout, ne plus jamais leur donner le sentiment d'être privés d'écoute et isolés ! Voilà les priorités qui doivent nous animer. Vous vous êtes attaqué au délétère « pas de vague », cet aveuglement lâche et coupable qui a fait tant de mal à l'école et à la société. La politique du « pas de vague » a existé, monsieur le ministre, elle a existé ! Je l'ai vue et je l'ai subie moi-même en tant qu'enseignant. J'espère qu'il y sera mis un terme. Pour être clair, il vaut mieux que l'éducation nationale reconnaisse clairement et honnêtement le nombre d'incidents qui se sont produits lors de l'hommage à Samuel Paty pour les traiter avec fermeté et intelligence plutôt que de dire que tout s'est bien passé, attitude qui laisse s'installer un double sentiment d'impuissance et d'impunité.

La considération des enseignants passe aussi par le niveau de leur rémunération. Les enseignants français figurent parmi les moins payés d'Europe. Aussi ce budget pour 2022 concrétise-t-il les engagements du Grenelle de l'éducation, dans la suite de la première enveloppe de l'an dernier consacrée aux revalorisations salariales.

Si les crédits consacrés à cette deuxième tranche de revalorisation représentent une enveloppe plus importante que prévu, notre groupe regrette que celle-ci finance des primes moins élevées que celles versées depuis mai dernier. Surtout, comme l'indiquent les organisations syndicales, ces primes ne remplaceront pas une loi de programmation pluriannuelle, promise par le Gouvernement avant la crise sanitaire et qui garantirait des augmentations salariales pérennes, ainsi qu'une meilleure prise en compte des droits à la retraite.

Au-delà des revalorisations, se pose aussi la question des effectifs. Comme l'an dernier, la hausse du budget consacrée au premier degré contraste avec la trajectoire inverse imposée au second degré. En 2020 déjà, notre groupe déplorait que l'augmentation des postes dans le premier degré s'effectue grâce à un redéploiement de 1 800 personnels du secondaire, lequel a été compensé par des heures supplémentaires. Cette année, la stabilité du nombre de postes dans le secondaire a pour réalité la suppression de 350 emplois d'enseignant au profit de 300 emplois de conseiller pédagogique d'éducation et de 50 postes d'assistant de service social ou d'infirmier.

Notre inquiétude est la même s'agissant de l'enseignement agricole, qui subit la suppression de seize ETP en 2022 alors même que les effectifs des élèves sont en hausse. Notre groupe soutiendra des amendements pour les rétablir.

En revanche, nous soutenons les réformes engagées par le Gouvernement depuis le début du quinquennat en faveur de l'éducation prioritaire, tout particulièrement celle du dédoublement des classes dans les REP et REP+. Les efforts en ce sens doivent être poursuivis : il s'agit de l'une des décisions les plus importantes de votre quinquennat.

Je tiens également à saluer les mesures prises en faveur des AESH – elles sont indéniables –, même s'il convient d'aller encore plus loin, madame la secrétaire d'Etat chargée de l'éducation prioritaire, monsieur le ministre.

Je l'ai dit et le redis, enseigner est la chose la plus importante en République. Dans cette logique, le budget de l'éducation nationale est aussi le plus important. Chaque choix politique, chaque choix budgétaire a en effet une importance considérable pour nos enfants, pour nos enseignants, pour notre capacité à faire société. L'école est la condition de la réalisation de notre promesse républicaine de liberté, d'égalité et de fraternité : ne l'oublions jamais pour que vive encore mieux l'école de la République.

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