Intervention de Pascal Brindeau

Séance en hémicycle du lundi 25 octobre 2021 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Enseignement scolaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPascal Brindeau :

« De l'éducation de son peuple dépend le destin d'un pays » : je choisis d'ouvrir mon propos sur cette phrase de l'ancien Premier ministre britannique Benjamin Disraeli pour souligner un accord idéologique que nous avons partagé avec vous tout au long de ce quinquennat. Oui, il est nécessaire d'investir dans la jeunesse, surtout dans les fondamentaux de son éducation pour que les élèves disposent des bases nécessaires pour réussir leur scolarité.

C'est ainsi que je me réjouis de l'augmentation, cette année encore, du budget consacré à l'enseignement scolaire, qui comprend notamment une revalorisation salariale plus que bienvenue. Comme nous avions pu le rappeler en commission, la question des rémunérations n'est évidemment pas la seule qui nous intéresse lorsque l'on parle du métier de professeur : le nombre d'enseignants, l'organisation et le cadre du travail ne sauraient être oubliés alors que de nombreux professeurs font face à des conditions de travail parfois difficiles, voire dangereuses – en disant cela, je ne peux pas ne pas avoir de pensée pour Samuel Paty.

Cela étant, suivre la trajectoire que vous avez fixée, monsieur le ministre, pour atteindre les 2 000 euros net par mois comme premier salaire est plus que jamais nécessaire pour attirer à nouveau des jeunes vers le beau métier d'enseignant car, nous partons de très loin dans ce domaine par rapport aux autres pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Nous pouvons cependant regretter que la réalisation des objectifs d'amélioration que vous avez fixés doive, une fois encore, attendre une nouvelle élection présidentielle. En outre, s'il est important de relancer l'attractivité du métier, il ne faut pas oublier les professeurs déjà en poste, parfois depuis dix ou vingt ans, qui doivent profiter, eux aussi, d'une politique salariale plus ambitieuse.

Concernant les directeurs d'école, le Sénat a de nouveau, la semaine dernière lors de l'examen en deuxième lecture de la proposition de loi créant la fonction de directrice ou de directeur d'école, adopté une mesure enjoignant à l'État, et lui seul, de mettre à la disposition des chefs d'établissement qui en feraient la demande des moyens suffisants. Le ministère doit consentir cet effort financier, car une responsabilité partagée avec les collectivités territoriales en la matière risquerait de créer une inégalité entre les écoles de différentes communes.

Ce dernier budget de la législature nous permet de juger aussi les évolutions en matière d'inclusion scolaire. Monsieur le ministre, je dois reconnaître que les progrès sont indéniables : ainsi, l'embauche de 4 000 AESH supplémentaires en 2022 est à saluer. Néanmoins, tant de chemin reste à parcourir.

Les mutualisations, devenues trop nombreuses, engendrent des situations dans lesquelles les enfants ne sont accompagnés qu'une poignée d'heures par semaine, tant et si bien que nous sommes encore loin de pouvoir garantir une école inclusive pour tous, tout autant que des conditions de travail acceptables pour les AESH. Une meilleure organisation, une rémunération plus élevée et un interlocuteur unique, voilà ce que nous demandent les AESH pour sortir enfin de ce système de travail décousu et incomplet qui ne leur assure pas, en moyenne, un salaire mensuel supérieur à 800 euros. Le groupe UDI et indépendants soutient l'initiative d'accorder des primes REP et REP+ aux assistants d'éducation et aux AESH, mais est opposé à ce que les crédits nécessaires à cette gratification soient prélevés sur le financement de l'école privée.

Cette année encore, les moyens alloués à la médecine scolaire sont insuffisants. Pourtant, comme le dit ma collègue Béatrice Descamps, la prévention, le soutien psychologique et l'accompagnement des enfants malades doivent redevenir une priorité de l'école. En effet, tout autant que l'accès à l'éducation, celui aux soins et au suivi médical est un vecteur d'égalité des chances. En outre, on ne peut laisser des infirmières, des psychologues et des médecins gérer seuls des milliers d'enfants. La question de l'attractivité des métiers se pose ici encore et même si le Grenelle de l'éducation a apporté des réponses, il faut aller plus loin notamment pour les infirmiers et les infirmières.

Vous l'avez reconnu vous-même en commission, la santé scolaire a encore beaucoup de progrès à faire, notamment s'agissant du suivi des enfants. Nous le voyons malheureusement dans l'actualité, le harcèlement scolaire est un fléau dont on imagine mal l'étendue des dégâts qu'il provoque chez les jeunes. Alors si nous souscrivons à l'ensemble des propositions qui avaient pu vous être présentées dans le rapport parlementaire de notre collègue Erwan Balanant, je ne retiendrai ici que le manque de psychologues scolaires sur lequel nous vous alertons depuis un moment. Il est temps d'agir, surtout lorsque l'on voit l'impact psychologique de la crise sanitaire de la covid-19 sur les enfants.

Les chantiers pour consolider et renforcer cette institution qu'est l'école, dont dépend en partie l'avenir de notre pays, sont encore nombreux. Conscients des améliorations engagées, les députés UDI et indépendants resteront malgré tout attentifs aux réponses apportées lors des débats.

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