Intervention de Géraldine Bannier

Séance en hémicycle du lundi 25 octobre 2021 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Enseignement scolaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGéraldine Bannier :

Malgré la crise sanitaire, d'une ampleur inédite, et grâce à une mobilisation exceptionnelle des personnels enseignants, techniques et administratifs, les objectifs du mandat – élévation générale du niveau et réduction des inégalités sociales – n'ont jamais été perdus de vue. Le groupe Mouvement démocrate (MODEM) et démocrates apparentés s'en réjouit.

Le gain de dépense par élève du premier degré est de 3,69 % pour 2020, reflet du choix – sensé – d'agir le plus précocement possible. L'abaissement de l'âge de l'instruction obligatoire à trois ans en est un autre exemple, de même que le dédoublement des classes dans les réseaux d'éducation prioritaire et la limitation à vingt-quatre du nombre d'élèves hors éducation prioritaire. Permettez-moi, à ce sujet, de rappeler qu'assurer de meilleures conditions de travail grâce à un seuil supportable du nombre d'élèves par classe est aussi une demande – légitime – des établissements du second degré ; l'adolescence est un âge qui requiert la plus grande attention et c'est aussi l'âge délicat où se dessine l'orientation.

Je profite aussi de l'examen du projet de loi de finances pour rappeler l'importance de la priorité donnée à la lecture. Je note en outre avec satisfaction l'évocation d'un nouveau programme de maternelle visant à l'enrichissement du lexique et à la première structuration de la syntaxe. Ce sont deux points de fragilité constatés de longue date et sur lesquels il faut impérativement agir, tout au long de la scolarité, pour mieux armer nos jeunes pour l'avenir.

Bien sûr, les progrès en ce qui concerne l'école inclusive – 71,67 % d'élèves scolarisés en milieu ordinaire en plus en onze ans, effort accru en faveur des unités localisées pour l'inclusion scolaire (ULIS), création de quarante-cinq unités d'enseignement autisme – sont à noter. Nous restons bien évidemment, comme tous, attentifs au saut qualitatif réalisé et à confirmer.

Vous avez souligné en commission, monsieur le ministre, les efforts budgétaires accomplis pour répondre aux besoins de formation et à la précarité des AESH. Vous avez alors rappelé à raison la nécessité de leur assurer un quota d'heures à même d'améliorer leur salaire.

La généralisation d'ici à 2022 des actions artistiques et culturelles pour chaque élève, le déploiement du pass culture scolaire – 45 millions d'euros pour 2022 en complémentarité avec l'actuel pass réservé aux plus de 18 ans –, l'offre d'enseignements moins courants mais riches et porteurs – langues et cultures de l'Antiquité, numérique et informatique, arts –, le renforcement du dispositif des Cordées de la réussite, dont 200 000 élèves seront bénéficiaires contre 80 000 précédemment, sont autant d'éléments propres à corriger les inégalités de destin et à permettre à chaque élève de réussir quel que soit son milieu d'origine.

Je m'arrête un instant sur les 5 000 places supplémentaires prévues à la rentrée 2021 en première année de brevet de technicien supérieur (BTS) et en formation complémentaire d'initiative locale (FCIL). Elles devraient répondre au souhait de réaliser une filière courte et faciliter l'entrée de jeunes sur le marché du travail. Je rappellerai à cet égard la réussite toute particulière des établissements de l'enseignement agricole qui, grâce aux formations proposées de la classe de quatrième au BTS agricole (BTSA), offrent à leurs 155 000 élèves et étudiants et 42 600 apprentis des perspectives bien réelles et bien mises en lumière par la plateforme laventureduvivant.fr et par la campagne de communication #EntrepreneursDuVivant. Pour rappel, l'enseignement agricole demande à être bien associé, dans des délais identiques, aux annonces de l'éducation nationale.

Pour ce qui concerne, enfin, les 726 millions d'euros consacrés à la revalorisation des personnels de l'éducation nationale, le pas qui est fait, notamment en direction des professeurs en début de carrière, constitue, à l'instar de la préprofessionnalisation, une réponse impérative à la crise aiguë du recrutement. Mais il faudra, comme vous l'avez indiqué en commission, que la revalorisation de l'ensemble desdits personnels soit poursuivie. L'éducation est première, particulièrement quand la désinformation et la défiance face aux vérités scientifiques s'instillent dans les esprits. Or l'idée est répandue chez les élèves et partagée entre parents qu'être professeur, « ça paye mal ». C'est quelque chose qui n'aide guère à traduire l'idée que l'éducation est la priorité et le professeur un référent, porteur d'un savoir sûr.

Je sais aussi, d'expérience, que contrairement à leurs jeunes collègues, les enseignants qui ont quinze ou vingt ans de carrière, qui ont fait le choix, malgré les difficultés, les exigences et les pressions croissantes de la société, de rester, de lutter, d'instruire partout et tous, n'ont jamais vu leurs salaires revalorisés. Il faudra pourtant bien redonner un jour aux enseignants le rôle premier qui doit être le leur dans la société et mettre fin aux caricatures entendues partout sur la prétendue facilité de leur mission, laquelle est en réalité ô combien ardue et fondamentale. La vocation n'exclut pas une rémunération à même de refléter l'importance qu'on leur accorde.

En conclusion, vous l'aurez compris, notre groupe approuve ce dernier budget du mandat et souhaite que les actions entamées puissent être poursuivies, dans l'objectif de voir une jeunesse mieux éduquée, bien encadrée – gage majeur et primordial de la croissance du pays.

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