Intervention de Grégory Labille

Séance en hémicycle du jeudi 7 octobre 2021 à 15h00
Création d'un ticket restaurant étudiant — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGrégory Labille :

Je tiens à vous remercier, madame la rapporteure, ainsi que notre collègue sénateur, Pierre-Antoine Levi, de nous permettre d'évoquer le sujet, ô combien important, de l'alimentation des étudiants. Je réitère également mon soutien à ma collègue Anne-Laure Blin, qui s'est particulièrement mobilisée sur cette question, et je la salue.

La crise sanitaire et les confinements ont été un électrochoc pour tous ceux qui ont vu les images de ces jeunes faisant la queue devant les banques alimentaires. Cette situation doit nous interpeller quant aux dispositifs mis en place par l'État et par les acteurs universitaires pour permettre à nos étudiants de manger correctement à un prix abordable.

Il faut évidemment reconnaître l'importance des CROUS et de leur travail pour que l'offre de restauration universitaire puisse répondre aux attentes des étudiants. Car je crois, madame la ministre, chers collègues, qu'il nous faut les écouter et prendre en considération leurs besoins.

Oui, nos étudiants sont attachés à leurs restaurants universitaires. Et pour cause, il s'agit de lieux conviviaux, où les jeunes sont à même de faire des rencontres, d'échanger ou tout simplement de respirer un peu au cours d'une journée bien chargée.

Cependant, derrière ce constat angélique, il faut aussi se rendre compte que de nombreux étudiants ont de moins en moins de temps à consacrer à leur repas. Les derniers sondages ont d'ailleurs montré que les horaires d'ouverture des restaurants universitaires, le temps d'attente, ne satisfont pas près d'un étudiant sur quatre. Pourtant, les 750 restaurants universitaires répartis sur le territoire sont au cœur des campus, et les étudiants n'ont pas besoin d'aller bien loin pour se restaurer.

C'est pourquoi, face à la diversité des attentes, les CROUS ont su s'adapter, au point que la restauration rapide représente désormais 45 % de l'offre qu'ils proposent : je vous invite à prendre exemple sur cette capacité de remise en question des CROUS, pour répondre aux besoins des étudiants.

En effet, modifiant le cadre de la proposition de loi, notre collègue rapporteur au Sénat, Jean Hingray, a changé la question principale posée par ce texte : la France est-elle capable de fournir un service égal d'offre de restauration à tous ses étudiants ? La réponse est simple : non. Non, tous les étudiants français ne sont pas logés à la même enseigne, parce qu'ils n'ont pas tous accès à un restaurant universitaire à proximité de leur lieu d'étude. Il existe des zones blanches, où les étudiants doivent se débrouiller pour manger : dès lors que l'on pose ce constat, il nous faut apporter des réponses.

En respectant ce que vous aviez déjà annoncé au Sénat, madame la ministre, les députés de la majorité ont modifié le texte et remplacé le dispositif de ticket restaurant par une politique de conventionnement et d'agrément avec des restaurants tiers. On ne saurait s'opposer à cette solution, qui permet à un étudiant d'avoir accès à un établissement respectant les mêmes exigences que les restaurants universitaires.

Mais pouvez-vous nous garantir que, comme avec un restaurant universitaire, toutes les conventions qui seront signées permettront à un étudiant en zone blanche d'avoir accès à une offre de restauration suffisamment proche et rapide lui permettant d'y manger chaque jour ? Évidemment non.

D'ailleurs, le dispositif voté par la majorité en commission prévoit qu'en cas d'impossibilité d'accès à un resto U, une aide financière sera prévue pour l'étudiant. Mais cette aide, qu'elle forme prendra-t-elle ? À quelles conditions s'appliquera-t-elle ? Un étudiant disposant d'un établissement conventionné dans sa zone pourra-t-il en bénéficier ?

Tout cela est très flou. Et quand c'est flou, c'est flou.

En vérité, vous n'avez pas besoin d'une loi pour signer des conventions avec des restaurants administratifs ou scolaires puisque vous le faites déjà. Vous ne cherchez qu'à gagner du temps.

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